Délégué par la Conférence épiscopale pour participer au Synode des évêques sur la Nouvelle Évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne, l'archevêque de Malines-Bruxelles est en ce moment à Rome. En marge de ce déplacement, Mgr Léonard a évoqué cet épisode important de l'Année de la foi.
Quel sera l'objectif du Synode? Une évaluation des 50 années depuis Vatican II?
Ce n'est pas son objectif premier. Mais quand on lit le document de travail, on voit combien le concile (Vatican II) est omniprésent. Son objectif premier, c'est de travailler le thème de la Nouvelle Évangélisation. L'Évangile va donc jouer un rôle de boussole. Bien entendu, l'Église a toujours évangélisé depuis ses débuts. Ce n'est pas neuf, l'évangélisation, c'est même le cœur de la vie de l'Église. Mais elle est nouvelle parce qu'elle se déroule dans un contexte nouveau, qui n'est plus celui de Vatican II, et encore moins celui des conciles précédents. C'est en ce sens-là qu'elle est nouvelle, pas par son contenu fondamental, mais parce qu'elle doit se dérouler dans des pays d'ancienne chrétienté comme les pays de l'Europe occidentale, ou d'Amérique du Nord… L'Europe spécialement doit vivre l'évangélisation avec un cœur nouveau, des moyens nouveaux parce que la situation est nouvelle.
Qu'attendez-vous de l'Année de la foi?
En Belgique, on a vécu pas mal d'années thématiques, on est parti d'ailleurs pour une année thématique sur l'agir chrétien. Les évêques viennent en effet de publier une lettre là-dessus (ndlr la lettre pastorale des évêques de Belgique : "Être chrétien aujourd'hui"). On prépare donc ce thème sur le plan local, et le pape propose à l'Église universelle une Année de la foi. L'une de mes grandes préoccupations, c'est de promouvoir une nouvelle annonce, kérygmatique (directe) de l'Évangile. Jusqu'il y a peu, on pouvait encore penser qu'on était un tout petit peu en chrétienté. Au catéchisme, on présupposait encore que les enfants ou les familles avaient un arrière fond-chrétien, transmis par les parents ou les grands-parents, et maintenant on se rend compte que toute catéchèse est en fait une première annonce de la foi.
C'est un défi?
C'est un beau défi, c'est notre défi aujourd'hui. Comme on ne peut plus rien présupposer, il faut recommencer l'annonce par son cœur, et ce n'est tenable que si comme dans l'Église naissante, on est vraiment branché sur le Christ ressuscité, avec la force de l'Esprit Saint. Nous sommes forcés aujourd'hui de revenir à l'annonce directe, c'est notre "cor business". Annoncer le cœur de la foi chrétienne, c'est-à-dire la personne de Jésus, la manière unique dans l'histoire du monde, dont il a parlé et agi. Moi, ça m'enthousiasme de participer à une opération pareille! C'est un grand défi à relever, mais c'est un défi passionnant. Avec mes manies habituelles, je l'ai fait par l'écrit, j'ai publié un petit livre qui s'appelle "Le cœur de la foi chrétienne", 20 petits chapitres, 2 pages chacun pour redire l'essentiel de la foi chrétienne. Mais il y a tant d'autres manières de le faire. Et les médias doivent jouer un grand rôle là-dedans, pour donner des lieux où l'on peut annoncer.
Ce n'est pas aller à contre-courant?
Oui, mais il y a toujours une part du cœur humain qui est ouverte à cela. Car même si Dieu bouleverse l'homme, le surmène, en même temps ce Dieu rejoint une attente profonde du cœur humain. Il y a une part du cœur humain qui résiste à l'annonce de l'Évangile, qui s'en protège, et une autre part qui est en connivence, en complicité. Il faut trouver les mots pour rejoindre cette part du cœur humain qui attend le Christ.
Bernadette Lennerts
Mgr Léonard est également préoccupé par d'autres questions auxquelles se heurte l'existence humaine. Écoutez-le parler du drame du mal, une question à aborder en profondeur.