Israël: polémique autour d’un mur illégal


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Israël: polémique autour d’un mur illégal
Par Pierre Granier
Journaliste de CathoBel
Publié le - Modifié le
3 min

Un projet de construction de mur dans la vallée de Crémisan fait polémique. Nécessitant de passer par des terres appartenant à l'Église, le Vatican aurait donné son accord aux autorités israéliennes. "Faux" rétorque les évêques catholiques de Terre Sainte.

Prévu près de la ville de Bethléem et des colonies illégales de Gilo et Har Homa, ce mur que veut ériger le gouvernement israélien, sans tenir compte des objections des communautés chrétiennes locales et des congrégations religieuses concernées, sépare la vallée de Crémisan de Bethléem et des villages voisins. Cet ouvrage a déjà été déclaré comme illégal au regard du droit international, en 2004, par la Cour internationale de Justice de La Haye. Il n'empêche: Israël persiste. Un ex-colonel de l’armée israélienne affirme même s’être rendu personnellement au Vatican pour négocier les détails d’un accord sur le passage de ce mur et qu’il aurait montré des plans au sous-secrétaire d’Etat du Vatican. "Je lui a montré tous les plans et il en a signé certains", a déclaré le colonel Tirza, cité par le quotidien israélien "The Jerusalem Post" du 24 octobre.

Mais pour l’Assemblée des chefs des Eglises catholiques de Terre Sainte (AOCTS), qui a dénoncé ce même jour les confiscations de terres par Israël dans la zone de Bethléem-Beit Jala et condamné le tracé du mur, il n’y a pas eu d’ "autorisation vaticane" pour construire un mur de séparation sur les terres de l’Eglise dans la vallée de Crémisan.

58 familles chrétiennes privées de terre

"Véritable espace vert, cette vallée est le poumon principal sans lequel la population de Bethléem ne peut respirer", affirme l’AOCTS. En effet, séparés de Crémisan, les communautés locales des villages d’Al Walaja et de Beit Jala, une localité majoritairement chrétienne, se verront privées de l’une de ses dernières grandes zones agricoles et récréatives ainsi que de sources d’eau cruciales pour les agriculteurs.
"58 familles chrétiennes de Beit Jala dont la subsistance dépend essentiellement de cette terre en seront privées", alerte l’AOCTS dans un document signé également par de nombreuses personnalités religieuses catholiques du Proche-Orient.
Le communiqué rappelle en outre que les deux congrégations locales salésiennes qui se trouvent sur l’itinéraire du mur de séparation - et n'ont jamais demandé de "passer du coté isrélien", comme l’ont improprement affirmé certaines voix - "seront négativement affectées dans leur travail missionnaire envers la communauté locale. Les 450 enfants qui fréquentent l’école des sœurs salésiennes devront aller "dans une école à l’aspect carcéral, entourée de barrières militaires et de check-points".
De manière générale, le projet de construction du mur mettra davantage de pression dans les rangs des chrétiens qui vivent à Bethléem. Sans un revenu fixe et sans avenir pour leurs enfants, beaucoup plus de gens encore vont prendre la décision de quitter la Terre Sainte.

Plainte contre Israël

L’Assemblée des évêques de Terre Sainte a donné mandat à une organisation catholique pour les droits humains basée à Jérusalem, la 'Société Saint-Yves', de déposer plainte contre les autorités militaires israéliennes. Elle en appelle également avec force l’Etat d’Israël afin qu’il s’abstienne de mettre en oeuvre son plan visant à séparer la vallée de Crémisan de Bethléem.

P.G. (avec Apic)

Catégorie : International

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