Mgr André-Joseph Léonard qui a pris le temps d’entreprendre un aller-retour entre Rome et Bruxelles le we dernier continue d'envoyer ses rapport réguliers depuis le Synode. Voici ce que rapporte l’archevêque qui participe en tant que Père synodal aux trois semaines du synode sur la nouvelle évangélisation à Rome :
Au cours des derniers jours, outre les séances plénières, le travail a été intense dans la Commission chargée de rédiger le Message final du Synode. À partir d’une première rédaction beaucoup trop théologique, nous sommes parvenus à un texte encourageant, exhortatif et rempli d’espérance, s’adressant à tous les acteurs de la nouvelle évangélisation. Texte un peu long peut-être, mais capable de rejoindre toutes les situations. Moyennant certaines améliorations, il sera vraisemblablement adopté par le Synode et a déjà reçu, globalement, lors de sa première lecture, une approbation enthousiaste de l’Assemblée.
Un moment fort du Synode fut, à coup sûr, l’annonce, par le Cardinal Bertone, de l’envoi imminent d’une délégation synodale en Syrie afin d’y soutenir les efforts de paix et d’encourager nos frères et sœurs chrétiens de ce pays. Un soutien financier des Pères synodaux en faveur de cette opération est en cours de réalisation.
Parmi les interventions en séance plénière, plusieurs ont été marquantes. Je pense, notamment, à celles d’auditeurs et auditrices qui ne sont pas membres du Synode. Celles qui m’ont le plus touché sont celles d’un couple (cas unique !) parlant de l’expérience des cours « Alpha », d’un jeune parlant avec ardeur et audace au nom des jeunes catéchumènes adultes de Rome, et de Kiko Arguëllo, cofondateur du « Chemin néocatéchuménal », témoignant avec feu du kérygme qui est au cœur de toute évangélisation. Le Synode est un Synode d’évêques, certes, mais nous gagnerions certainement à y entendre davantage le témoignage de ceux qui pratiquent l’évangélisation sur le terrain.
Les interventions libres, en fin de journée, sont toujours un moment impressionnant de partage fraternel. En ce qui me concerne, outre l’insistance sur la fécondité surnaturelle de toute annonce directe du kérygme de Pentecôte en quelque circonstance que ce soit, je me suis permis de communiquer deux expériences vécues, ainsi que le cardinal Schönborn nous y avait invités dès le premier jour.
Tout d’abord un certain sentiment de culpabilité, si je compare ma pratique pastorale à celle de Jésus lui-même, l’Évangélisateur par excellence. Comment Jésus s’y prenait-il ? Il accomplissait des signes, des guérisons spirituelles ou physiques, ce qui attirait les foules et lui permettait ensuite d’annoncer la Bonne Nouvelle du Royaume. Quels signes accomplissons-nous aujourd’hui ? Il y a, certes, l’admirable engagement social de tant de chrétiens auprès des plus démunis de nos sociétés, la charité en acte auprès d’eux. Témoignage de premier plan. Mais ne devrions-nous pas aussi accueillir la promesse faite par Jésus à son Église, la promesse qu’en son nom nous pourrons, comme lui, chasser les démons, imposer les mains aux malades et libérer les cœurs meurtris ? Ne devrais-je pas, jamais seul afin d’éviter les ambiguïtés, mais avec d’autres prêtres et en la présence eucharistique du Libérateur de l’homme, pratiquer la prière de guérison et la prière de délivrance ? Cette question m’habite très souvent et j’ai pu constater qu’elle hante la conscience de quelques autres.
Ensuite, parmi ceux qui se sentent mal aimés de l’Église, il y a, notamment, les divorcés et, surtout, les divorcés remariés civilement. C’est une grande joie pour moi, et je l’espère aussi pour eux, d’en rencontrer régulièrement lors de journées entières consacrées à prier ensemble, à donner un enseignement, à les écouter, à échanger avec eux. Mais cette pastorale ne devrait-elle pas se développer bien davantage encore ? J’ai tenu à partager cette conviction avec mes frères dans l’épiscopat. Ma joie est grande de voir qu’elle est celle de nombreux autres confrères.
