Les achats groupés d’énergie à grande échelle se multiplient et connaissent un grand succès. De belles économies sont annoncées pour les ménages. Tous les ménages… ?
On n’a sans doute jamais autant parlé d’énergie, dans notre pays, que ces derniers mois. Parce que le prix du mazout de chauffage se rapproche douloureusement du cap symbolique d’un euro le litre. Parce que le prix du diesel crève les plafonds, au grand dam des automobilistes. Mais aussi parce que l’évolution du prix de l’électricité est soumise de larges inconnues, notamment à cause de la fermeture - provisoire à ce jour - de deux centrales nucléaires.
C’est dans ce contexte qu’il faut replacer l’offre d’achat groupé proposée récemment par deux poids lourds du monde associatif belge : Test-Achats, d’une part, et la Ligue des familles/Greenpeace, d’autre part (qui présente un accent un peu plus « vert »). Concrètement, le consommateur s’inscrit en ligne auprès d’un de ces opérateurs. A ce stade, il ne s’engage à rien. Mais plus le nombre de clients potentiels est élevé (ils sont déjà près de 150.000 inscrits), plus ces associations peuvent faire pression sur les fournisseurs pour obtenir un prix intéressant, tant en matière de gaz que d’électricité. Dans quelques semaines, l’offre la plus intéressante sera connue. A ce moment, les consommateurs pourront alors confirmer - ou non - leur intérêt et signer un contrat en bonne et due forme, pour un an ou trois ans. Les économies annoncées devraient se situer, en moyenne, entre 200 et 300 euros annuels par ménage. Mais elles pourraient grimper chez certains jusqu’à 600 ou 700 euros.
Une forme de solidarité
Ce genre d’achats groupés est une première à une telle échelle (jusqu’ici, seules les provinces flamandes et des CPAS l’avaient organisé). Il s’agit d’une forme de solidarité, certes commerciale. Mais les économies annoncées, si elles se confirment, pourront réellement soulager les budgets familiaux malmenés par la crise. C’est à Bruxelles et en Wallonie que le changement devrait être le plus sensible. C’est là, en effet, que l’on compte le plus de consommateurs dits « passifs » ou « dormants », c’est-à-dire n’ayant jamais franchi le pas de signer un contrat avec un fournisseur : soit celui qui était le leur avant la libéralisation (2007), soit un nouveau venu sur le marché. Dans l’écrasante majorité des cas, signer un contrat est financièrement intéressant (1). Choisir un fournisseur vert (qui s’approvisionne auprès de producteurs éoliens, solaires, etc.) permet souvent de grappiller une petite réduction supplémentaire.
Changer de fournisseur est devenu aujourd’hui très aisé (2). Il n’y a plus de pénalité financière si l’on interrompt un contrat en cours, à condition de respecter un préavis d’un mois. Parmi certaines catégories de population, la démarche continue pourtant de rebuter, voire d’effrayer. Il est donc d’autant plus intéressant de noter l’émergence toute récente d’achats groupés locaux (comme à Seraing), où l’inscription ne se fait pas seulement en ligne mais aussi via un coupon papier. La commune cautionne la démarche et organise des séances d’information dans les quartiers. Cela augmente la convivialité et apporte une certaine sécurité aux publics qui, par exemple, ne disposent pas d’accès à Internet. Une démarche qui pousse encore un peu plus loin la logique de protection sociale.
Francis Demars
(1) Les personnes bénéficiant du tarif social n’ont pas intérêt à se rallier à un achat groupé, leur tarif étant déjà le plus avantageux. (2) Contacter, par exemple, www.ecoconso.be (081/730.730)