Alors que tous les regards se tournent vers Anvers depuis la victoire éclatante du nationaliste Bart De Wever qui y décroche le maïorat, la ville a sans doute un autre visage à offrir que celui que lui donne le monde politique. Celui d'une ville ouverte sur le monde, forte d'une tradition culturelle profondément enracinée dans l'histoire qu'ont façonnée des générations de navigateurs, d'entrepreneurs, de marchands, d'artistes… Ville contemporaine résolument tournée vers l'avenir, Anvers c'est aussi un jeune diocèse de cinquante ans qui boucle son année jubilaire par une célébration de clôture dimanche 21 octobre.
L'occasion était belle pour notre confrère le journal La Croix de rencontrer l'évêque d'Anvers, Mgr Bonny et de l'interroger sur le rôle de l'Église et le regard porté sur sa ville. Pour l'évêque la bonne collaboration entre l'Eglise et l'autorité civile ne pose pas de difficulté dans de nombreux secteurs, notamment ceux où il y a fort à faire : le domaine social et celui de la santé. "Nous avons toujours travaillé en bonne coopération avec la ville", observe l'évêque qui n'élude pas la question de l'immigration. "La question des immigrés est un autre dossier qu’on ne peut ignorer, mais nous continuerons à travailler étroitement avec la nouvelle municipalité élue dimanche dernier, ainsi qu’avec le gouvernement flamand, en espérant que les questions locales reprendront le pas sur la politique nationale."
Ville multiculturelle, la physionomie d'Anvers affiche la diversité des influences qui la traversent, aussi les communautés nouvelles et les catholiques venus des quatre coins du monde s'y sentent accueillis. L'évêque souligne la richesse de l'apport des communautés étrangères " Savez-vous que le dimanche, ici, la communauté catholique la plus importante en nombre est de langue et d’origine polonaise ! La ville a une forte tradition intellectuelle, des ressources, une tradition sociale, des classes moyennes, mais aussi des personnes marginalisées par la pauvreté. On peut construire une Église vivante, en utilisant toutes ces possibilités. Si l’Église a un avenir en Europe, c’est dans des villes ou dans des agglomérations comme Anvers !"
Interrogé sur l'année jubilaire et les événements qui l'ont balisée, Mgr Bonny revient sur les célébrations de clôture et sur l'avenir à leur donner. "Ces fêtes marquent le cinquantenaire de la refondation de notre diocèse par Jean XXIII. Le jubilé est l’occasion de réaffirmer notre fierté d’être croyants. En ces temps difficiles où se posent beaucoup de questions, il faut y croire, encourager l’engagement et donner un supplément d’inspiration évangélique aux fidèles."
L'inspiration à donner à son diocèse est une préoccupation quotidienne pour l'évêque qui dès sa nomination s'est interrogé sur son avenir et a voulu mettre en chantier une réflexion dans laquelle toute la communauté est impliquée. "J’ai donc organisé une large consultation dans mon diocèse sur plusieurs thèmes : l’annonce de la foi, la prière et l’eucharistie, la diaconie, l’organisation des paroisses, les vocations, l’ouverture de notre communauté. Sur la base de toutes les réflexions qui nous ont été soumises, nous avons pu constituer, cet été, un texte de synthèse qui va nous servir de feuille de route pastorale pour les années à venir."
Sept chantiers sont identifiés, ils concernent les orientations pastorales et l'organisation des communautés ecclésiales: du pain sur la planche pour tous, laïcs compris, car à Anvers comme ailleurs on manque de prêtres !
B.L. (avec Lcx)