L'annonce vient d'être faite, mais l'opération, elle, date du mois de juillet et s'est déroulée dans les grands ports de 16 pays africains. Il s'agissait pour l'organisation mondiale des douanes (OMD) de saisir des millions de doses de faux médicaments, véritable poison pour l'Afrique.
La contrefaçon est partout, aussi dans la pharmaceutique, et dans ce domaine, les conséquences en sont souvent dramatiques. Lors d'une conférence de presse, l’OMD a annoncé que plus de 82 millions de doses de médicaments illicites avaient été saisies: des antipaludéens, des antiparasitaires, des antibiotiques, des sirops antitussifs, des contraceptifs ou des traitements contre la stérilité. L'ampleur du trafic est impressionnante et alarmante.
Pilules en containers
84 containers pour 82 millions de faux médicaments et 6,5 millions de faux produits alimentaires ou de consommation. Ce sont dans les ports d'Angola, du Togo, du Cameroun et du Ghana que les saisies ont été les plus importantes. La majorité des marchandises interceptées venait d’Asie de l’Est, du Sud et du Moyen-Orient, mais les filières sont très difficiles à remonter, car ces médicaments sont fabriqués dans des micro-usines, des petites structures hébergées dans des maisons, des appartements ou de caves, qui tournent 24 heures sur 24.
Des crimes contre la pauvreté
Si d'une part, les contrefaçons de médicaments représentent des manques à gagner pour les grandes firmes de pharmacie, elles menacent, d'autre part, directement la vie des patients, car ces pilules, gélules et autres comprimés contiennent souvent des substances toxiques ou périmées, ou bien rien… tout simplement. Ce qui peut s’avérer dramatique lorsque ces "médicaments" sont utilisés pour traiter des pathologies mortelles. Ce sont bien sûr les plus pauvres qui s'approvisionnent dans ce type de marché; un marché qui est particulièrement lucratif pour les faussaires. En extrapolant les chiffres de la saisie du mois de juillet, l'OMD estime que près de 10 milliards de médicaments contrefaits seraient introduits chaque année sur le continent africain pour une valeur potentielle de 5 milliards de dollars (3,8 milliards d’euros).
La Croix/SB