Un premier bilan de la visite du pape au Liban


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Un premier bilan de la visite du pape au Liban
Par La rédaction
Publié le - Modifié le
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Au terme du voyage papal au Liban, le P. Lombardi, chef de la salle de presse du Saint-Siège, a déjà relevé quelques points forts. Il a souligné la collaboration entre chrétiens et musulmans au Moyen-Orient, un thème qui est revenu dans tous les discours de Benoît XVI. Le père Lombardi a aussi abordé l'esprit du voyage.

Le P. Lombardi décrit l'esprit dans lequel Benoît XVI a fait ce déplacement au Liban, " sans arme", pour favoriser "le pardon et la réconciliation". Le pape n'est pas venu comme un homme politique investi d'un pouvoir politique ou militaire, mais d'une autorité morale et religieuse. C'est sans doute une des raisons qui explique l'impact psychologique de ce déplacement ressenti comme "un grand bonheur" et une "grande impulsion d’unité pour l’Eglise et pour les communautés chrétiennes".

Les "armes" du pape, explique le P. Lombardi, "sont les armes de l’esprit", "c’est l’autorité avec laquelle on crée des attitudes d’esprit, on fait une éducation de cœur et de mentalité, absolument nécessaire pour bâtir la paix, pas seulement comme un équilibre des forces, mais comme une vraie entente entre des personnes différentes qui se respectent, qui s’aiment et qui sont capables de pardon et de réconciliation".

Education à la paix

Pour Olivier Bonnel de Radio Vatican qui rapporte les propos de Fady Noun, journaliste libanais, "la paix est possible mais il faut être éduqué à la paix pour pouvoir donner une culture de paix". S'il n'a cessé de parler de paix dans ses interventions, le pape a également parlé des résistances à cette éducation. Il y a des obstacles à l'éducation à la paix. "La présence du mal est quelque chose de palpable qui cherche à dégrader les relations des hommes entre eux après avoir dégradé les relations de l'homme avec Dieu", commente encore le journaliste.

L'exhortation apostolique, chemin d'ouverture
Autre point important relevé par le P. Lombardi, lié au but même du voyage du pape : L’exhortation apostolique. "C'est un document important, la conclusion d’un chemin d’ouverture. Mais maintenant il faut la mettre en pratique", a-t-il déclaré. L'exhortation concerne l’Eglise universelle, et pas seulement les catholiques du Moyen-Orient :"C’est un engagement de solidarité de l’Eglise universelle pour aider les chrétiens du Moyen-Orient qui vivent dans une situation souvent de difficultés ou de peur ou de souffrance pour qu’ils continuent de s’engager, car cette région est importante pour toute l’Eglise".
Le choix du Liban dans le voyage apostolique est un repère fort. Il renvoie aux racines de la chrétienté et à l'urgence pour les chrétiens à y rester présents: "C’est la région des lieux saints, de l’origine du christianisme et de l’origine des religions monothéistes. Alors, il faut être ici, dans la région de nos racines et on doit tous se sentir originaires de cette région", a insisté le Père jésuite en écho aux propos du pape. Islam et chrétienté doivent non seulement s'entendre mais aussi travailler ensemble dans une société plurielle où le respect est réciproque.

"Aimez les musulmans"

Le monde entier a vu des images d'assemblées invitées à célébrer la paix, le pape ne cessant de souhaiter que le Liban continue à être un espace où les différentes religions vivent en harmonie. Lors de la rencontre œcuménique avec les représentants des autres communautés chrétiennes, le patriarche syriaque-catholique Ignace Joseph III Younan a cependant affirmé qu’il ne fallait pas sous-estimer les difficultés de dialogue avec les musulmans. "En Occident, on ne comprend pas toujours les défis qui nous attendent dans cette région du monde". Dans une interview à Radio-Vatican, le patriarche syriaque-catholique Younan a confié en outre que "contrairement à ceux qui résident dans les états démocratiques ou qui se définissent comme laïcs, les chrétiens d’Orient ne peuvent pas professer librement leur foi". Une mise en garde qui s'adressait aux Occidentaux afin que les organisations internationales puissent adopter une attitude conséquente dans le domaine des droits de l'homme.

Rencontrant la presse au dernier jour du voyage du pape au Liban, Mgr Louis Sako, archevêque chaldéen de Kirkouk en Irak a estimé que le pape était venu pour apporter une présence d'encouragement concrète qui n'était pas que pour les chrétiens, mais pour tout le Moyen-Orient. Mgr Sako constate que les foules ne sont pas venues comme des touristes ou par curiosité, mais elles sont venues pour entendre "quelque chose qui vienne de Dieu, qui les aide à vivre dans la joie". Le prélat irakien a par ailleurs expliqué avoir confié au pape, au moment de recevoir de ses mains l’Exhortation apostolique: "Avec vous commence le printemps de l’Eglise au Moyen-Orient". "Je l’espère bien", lui a alors répondu Benoît XVI. Et de rappeler l'invitation de Benoît XVI lancée aux patriarches catholiques du Moyen Orient: "Aimez les musulmans, priez pour eux, ils sont vos frères".

B.L.

(c) photo : kerknet


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