Russie : Un projet de loi contre le blasphème


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Russie : Un projet de loi contre le blasphème
Par Angélique Tasiaux
Journaliste de CathoBel
Publié le - Modifié le
2 min

La chambre basse du Parlement russe, la Douma, a voté une résolution qui appelle à condamner toute personne qui offenserait les sentiments religieux. Le projet de loi, voté le 25 septembre, a reçu l'approbation du patriarcat de Moscou et des musulmans, la deuxième communauté religieuse de la Fédération.

Le texte voté prévoit des amendes pour des "insultes publiques à la foi et des humiliations durant les services liturgiques". Il peut s'agir d'une somme de 300 mille roubles (soit 7.500 €), d’un travail d’utilité publique de 200 heures ou d'une réclusion pour trois ans. Pour la profanation et la destruction d’objets religieux dans des lieux de cultes et de pèlerinages, les amendes peuvent aller de 2.500 à 12.500 €, un travail d’utilité publique de 400 heures ou cinq ans de détention.
La résolution précise que "toutes ces actions ont pour objectif de saper les fondations spirituelles et morales de la Russie, vieilles de plusieurs siècles, de discréditer les valeurs traditionnelles et, fondamentalement, de créer des troubles publics et de nuire à la souveraineté du pays".

Favorables à une augmentation des peines

Le texte a été voté un peu plus d’un mois après la condamnation de trois membres du groupe punk "Pussy Riot". Elles ont été condamnées à deux ans de prison pour avoir chanté, en février dernier, une prière hostile au président Vladimir Poutine, dans la cathédrale du Christ Sauveur à Moscou. Cette question ne concerne pas uniquement l’Eglise. Après la diffusion du film anti-islam, des tensions sont apparues à l’intérieur de la communauté musulmane, qui représente 18 % de la population. Les autorités judiciaires russes cherchent à empêcher l’accès à Youtube, où le clip de 14 minutes est visible.

Selon un sondage de l’Institut d’Etat "Vtsiom", 82 % des Russes sont favorables à une augmentation des peines contre le blasphème, surtout après une succession d’actes de vandalisme contre les symboles religieux : barbouillage d’icônes, croix arrachées et brisées dans diverses régions du pays. "Ce large consensus dans la société est un signe clair que beaucoup attendaient une telle initiative", a déclaré le président du Département synodal pour les rapports entre l’Eglise et la société, l’archiprêtre Vsevolod Chaplin.

Les dirigeants musulmans espèrent que ce texte pourra être utilisé "contre qui tente de fomenter la haine ethnique et interreligieuse". Le mufti de Moscou et de la Russie centrale, Albir Krganov, souhaite que la loi protège le droit de "chaque communauté des religions traditionnelles" à construire ses propres lieux de culte. La question est délicate, particulièrement à Moscou où on proteste contre l’édification de nouvelles mosquées.

apic/at


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