A l'instar de l’Osservatore Romano et du ministre des Affaires étrangères français Laurent Fabius qui accusent l’hebdomadaire satitrique français de "jeter encore de l’huile sur le feu", les caricatures du prophète Mahomet parues dans Charlie Hebdo font plutôt l'unanimité contre elles. En France, catholiques et musulmans ont lancé un appel commun.
"Alors que l’on cherche péniblement à faire baisser la tension qui traverse le monde musulman en raison du film 'L'Innocence des musulmans', on risque aujourd’hui d’ouvrir un nouveau front de protestation avec la publication des dessins satiriques du prophète Mahomet", souligne ainsi le quotidien du Vatican.
"France que fais tu du respect de l’autre ? Que fais-tu de la fraternité ?", ont lancé de leur côté Mgr Michel Dubost, président du Conseil pour les relations interreligieuses des évêques de France, et Mohammed Moussaoui, président du Conseil français du culte musulman, dans un communiqué commun publié mercredi 19 septembre. "Nous défendons la liberté et, en particulier, nous soutenons la liberté de s’exprimer. Mais la liberté se met elle-même en danger si elle oublie la fraternité et le respect de l’égale dignité", indique le texte publié quelques heures après la parution de l’hebdomadaire. Et de conclure: "Nous voulons vivre ensemble, faisons en sorte que cela soit possible!".
Le gouvernement français très critique
Egalement "désapprouvée" par le président du Conseil représentatif des institutions juives de France, qui, dans le contexte de tensions actuel, estime que cela relève d' "une forme de panache irresponsable", cette initiative a suscité l'embarras et les critiques du gouvernement français, par la voix notamment du premier ministre Jean-Marc Ayrault et du ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, qui accuse le journal de "jeter de l’huile sur le feu" alors que de nombreux pays musulmans ont connu des émeutes après la diffusion sur Internet du film "L’Innocence des musulmans".
Par mesure préventive, la France va fermer les ambassades, consulats, centres culturels et écoles qui se trouvent dans une vingtaine de pays musulmans vendredi prochain, jour de la grande prière musulmane. Elle a aussi mis en place un dispositif de sécurité pour éviter des débordements, notamment autour du siège de Charlie Hebdo, incendié il y a près d’un an pour avoir déjà publié des caricatures de Mahomet.
P.G. (avec La Croix)
