Sur la base des 44 propositions finales du Synode des évêques sur le Moyen-Orient qui s'était tenu en octobre 2010 au Vatican, l'exhortation apostolique post-synodale "Ecclesia in Medio Oriente" a été signée par Benoît XVI dans la soirée du 14 septembre.
Composé de trois parties, avec une quinzaine de chapitres, le texte décrit le contexte souvent dramatique du Moyen-Orient "riche par sa diversité, mais trop souvent contraignant et même violent" caractérisé par les "conflits et les incertitudes", décrit les souffrances endurées par de nombreux chrétiens "placés dans une position souvent délicate….. gagnés par la lassitude et le manque d’espérance… par un sentiment d’humiliation….victimes désignées lorsqu’il y a des troubles", qui prennent de plus en plus le chemin de l’exil; il énonce, ensuite, un certain nombre de propositions et recommandations, certaines très concrètes.
Le fil conducteur de ce document est la nécessité pour les chrétiens de s’unir, au-delà de leurs diversités, légitimes et historiques, en raison de "l’urgence de l’heure et de l’injustice de tant de situations". La présence des chrétiens au Moyen-Orient n’est ni nouvelle ni accidentelle, mais historique. Les chrétiens font partie intégrante de la région. L’objectif est donc d’arrêter leur exode, afin d’assurer la survie du témoignage chrétien au Moyen-Orient, actuellement menacé. Or, cela passe par la communion que tous les membres des Eglises présentes au Moyen-Orient sont appelés à raviver, chacun selon sa vocation propre. Pour le pape, le Moyen-Orient, où cohabitent diverses Eglises patriarcales et latine, est un laboratoire qui actualise déjà l’avenir de la situation ecclésiale.
Le texte se prononce clairement en faveur du pluralisme : un Moyen-Orient sans ou avec peu de chrétiens n’est plus le Moyen-Orient. Le Pape demande aux dirigeants politiques et aux responsables religieux d’éviter une politique ou une stratégie communautariste qui tendrait vers un Moyen-Orient monochrome qui ne reflètera en rien sa riche réalité humaine et historique.
Le monde entier fixe son attention sur le Moyen-Orient qui cherche sa voie. Benoît XVI souhaite que cette région puisse montrer que le vivre ensemble n’est pas une utopie et que la méfiance et les préjugés ne sont pas une fatalité.
Le ton du texte est imprégné de compassion, de participation et d’affection mais aussi de lucidité et de franchise. Tout en exprimant sa proximité avec ces communautés éprouvées, le pape ne manque pas, ça et là, d’adresser quelques rappels à l’ordre, par exemple, quand il recommande aux Patriarches et aux évêques une bonne gestion des biens temporels, ou encore lorqu'il fustige le désengagement de certains chrétiens et les accommodements qui résultent des circonstances mais qui déplaisent à Dieu.
Par ailleurs, Benoît XVI condamne sévèrement ceux qui instrumentalisent la religion dans des conflits répétés et injustifiables pour un croyant authentique.
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