Plusieurs évêques français ont récemment souligné la gravité des enjeux qu’implique une légalisation du mariage entre personnes de même sexe. Ils demandent que la question soit débattue au niveau national et dénoncent un "totalitarisme de la pensée" qui tendrait à "ringardiser" les opinions conservatrices sur le sujet.
En attendant la présentation du projet de loi devant le conseil des ministres (le 24 octobre), et avant que la prochaine Conférence des évêques (début novembre) ne donne sa position officielle quant à la légalisation du mariage homosexuel, de plus en plus de prélats français prennent la parole, à titre individuel, pour réclamer un vrai débat sur la question.
Le quotidien français "la Croix" rapporte notamment l'initiative de Mgr Gérard Antoine Léopold Daucourt, évêque de Nanterre. Ce dernier a adressé le 17 septembre "un message aux catholiques des Hauts-de-Seine", les invitant à écrire au premier ministre ou à leur député, pour exiger sans tarder ce débat. Pour Mgr Daucourt, le projet de légalisation du mariage entre personnes de même sexe constitue un "enjeu grave qui touche à la dimension sociale du mariage et de la famille, et au bien commun". Le prélat estime que le sujet mérite un vrai débat auquel toute la société puisse prendre part comme elle a pu le faire à propos de la bioéthique. L’évêque de Nanterre réfute clairement l’accusation d’homophobie portée contre l’Église. Il juge cette critique inacceptable, tout en appelant les catholiques à "être conscients de ce qui la provoque". Le prélat cite notamment la mise à l’écart et les condamnations subies par des personnes homosexuelles, qui se sont déroulées pendant des siècles et se déroulent encore souvent aujourd’hui. "Tout en rappelant les raisons pour lesquelles nous ne mettons pas sur le même plan hétérosexualité et homosexualité, sommes-nous capables de dire que l’identité qui doit toujours être première et dépasser toutes les autres, c’est notre identité de fils et filles de Dieu ?", s’interroge Mgr Daucourt.
Les opinions anti-mariage gay "ringardisées"
L’évêque des Hauts-de-Seine n’est pas le seul à réclamer une concertation nationale dans laquelle l’Église catholique voudrait faire valoir ses conceptions. "Le débat est ouvert", indique Mgr Alain Castet, évêque de Luçon. Il se demande cependant s’il y a "véritablement débat?". Le prélat déplore que "ceux qui présentent le mariage avec bon sens comme l’union entre un homme et une femme qui accueillent la vie et permettent à un enfant de grandir sont ringardisés, ridiculisés."
Après les vives réactions suscitées le week-end passé par les déclarations, en fin de semaine dernière, du cardinal Barbarin, craignant les multiples conséquences de la légalisation du mariage homosexuel, Mgr Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon, a dénoncé "un totalitarisme de la pensée" .
"Dès que quelqu’un prend une position sur ce sujet, on le qualifie d’ultraconservateur ou d’autre chose. Le problème ne devrait pas être de qualifier l’autre, mais de s’opposer avec des arguments rationnels", indique ce dernier en réclamant un référendum.
Mgr André Lacrampe, évêque de Besançon appelle également à l’ouverture d’un "débat national".
L’Eglise ne veut pas se faire dicter le calendrier
Pour l’heure, ces interventions épiscopales demeurent individuelles. Soucieuse de ne pas se "laisser dicter le calendrier", la Conférence épiscopale veut attendre l’Assemblée plénière du 3 au 8 novembre pour donner une position officielle.
Toutefois, de nombreux argumentaires circulent sur Internet afin de permettre aux catholiques de faire entendre leur position. Notamment sur le site du diocèse de Paris, sous le titre "10 bonnes raisons de ne légaliser ni le mariage entre personnes du même sexe, ni l’adoption par des partenaires de même sexe".
Apic