La Commission fédérale de contrôle et d’évaluation de la loi sur l’euthanasie vient de publier son cinquième rapport aux chambres législatives. L’Institut Européen de Bioéthique y relève notamment qu’avant de recourir à cette pratique, les médecins font rarement appel à leurs confrères spécialisés en soins palliatifs.
Ce cinquième rapport concerne les documents d’enregistrement des euthanasies pratiquées entre le 1er janvier 2010 et le 31 décembre 2011. Il ne livre donc que le nombre d’euthanasies officiellement déclarées sur un total d’euthanasies réellement pratiquées que la Commission est même incapable d’évaluer.
Sur la base de ce que les médecins ont bien voulu déclarer à la Commission, 2.086 euthanasies auraient été pratiquées au cours de ces 2 dernières années. Un chiffre qui ne cesse de croître, avec une augmentation significative sur ces dernières années: les euthanasies ont ainsi progressé de 61% entre 2008 et 2011, celles pratiquées en maison de repos et/ou de soin augmentant dans les quasi même proportions (près du double de 2008 à 2011).
Depuis la dépénalisation de 2002, 5.537 cas d’euthanasie ont ainsi été enregistrés. La pratique est beaucoup plus développé en Flandres que dans le sud du pays (82% des déclarations sont rédigées en néerlandais et 18% en français) et cette répartition se maintient.
A noter également le nombre significatif de personnes inconscientes qui ont été euthanasiées sur la base d’une déclaration anticipée. Elles étaient 49 pour ces deux dernières années.
Les soins palliatifs négligés
Dans ce rapport de 60 pages, l’Institut européen de bioéthique (IEB) relève la nette augmentation des euthanasies pratiquées lorsque la mort du patient n’est pas prévue à brève échéance (doublement en 4 ans) ainsi que le nombre d’euthanasies pour des affections neuropsychiques. Il y en eut 50 en 2011, soit 4% des euthanasies.
L’IEB met aussi en avant le fait que l’intervention d’un médecin formé en soins palliatifs est très largement négligée. En effet, seulement 10 % des médecins font appel à leurs confrères formés en soins palliatifs comme consultants. Un problème de formation ? Peut-être… Dans ses recommandations, la Commission d’évaluation estime en effet que « le cursus des études médicales devrait comporter une formation préparant les futurs médecins à affronter les problèmes que pose la gestion de la fin de vie, y compris la pratique des soins palliatifs et la mise en oeuvre correcte d’une euthanasie. »
P.G./IEB