La Conférence épiscopale d'Allemagne veut mettre les catholiques qui ont décidé d'arrêter de payer l’impôt ecclésiastique face à leurs responsabilités. Ils ne bénéficieront plus d'un certain nombre de services ecclésiaux.
En Allemagne, le système du "Kirchensteuer" permet de financer les Églises via la feuille d'impôt. Le citoyen coche sur ce document la religion pour laquelle il accepte qu'une petite partie des ses revenus soit reversée. Ce système, établi depuis le XIXe, a fait de l'Église allemande l'une des plus riches du monde (4,9 milliards de recettes). Il permet aussi de comptabiliser avec précision le nombre de croyants des différentes religions. Or à la suite, entre autres, des scandales liés aux affaires de pédophilie, beaucoup d'Allemands (18.000 en 2010) ont décidé de "sortir de l'Église" en ne payant plus l'impôt religieux.
Inquiète de ces départs, la Conférence épiscopale allemande a donc décidé de rappeler les conséquences pastorales qu'une telle sortie d'Église entraînait pour ces baptisés. Dans un décret général, entrant en vigueur ce lundi 24 septembre, il est ainsi écrit qu'un catholique qui aura signifié son retrait ne pourra plus recevoir les sacrements de pénitence, de l’Eucharistie, de la confirmation, ou encore de l’onction des malades (sauf en cas de danger de mort). Il ne pourra pas non plus être parrain, ni membre d’un conseil paroissial ou diocésain, et perdra son droit de vote dans l’Église. Et s'il n'a montré aucun signe de remords avant sa mort, son enterrement à l’église pourra même lui être refusé.
Cette mise en garde a évidemment provoqué quelques remous, en particulier sur Internet, mais la Conférence des évêques l'a justifiée par le fait qu'un retrait uniquement de l’institution-Église, sans se couper de la communauté spirituelle, n’est pas possible. Elle a aussi indiqué qu'une lettre pastorale sera adressée à chaque personne ayant signifié son désir de quitter l’Église, afin de l’inviter à rencontrer le prêtre pour expliquer ses motivations, mesurer les conséquences de sa décision et … tenter de le faire revenir sur sa décision.
Pierre GRANIER (avec La Croix)