La guerre qui secoue l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC) a été au centre d’un sommet des pays de la région des Grands Lacs, qui s’est tenu durant deux jours à Kampala, capitale de l’Ouganda.
La recrudescence des combats dans le nord Kivu où les rebelles du mouvement M23 (composé d’ex-déserteurs de l’armée congolaise) a ravivé les tensions entre la RDC et son voisin le Rwanda. Bien qu’il s’en défende, le régime du président Kagamé est accusé par Kinshasa de soutenir les rebelles dans le but de contrôler cette région riche en minerais. Accusation également relayée par les Nations Unies, les Etats-Unis et la Belgique, qui ont sommé le président rwandais de s’expliquer.
Une explication qui aurait dû avoir lieu lors de la réunion de la Conférence internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL) qui s’est achevée le 8 août à Kampala. Un sommet qui a réuni les présidents congolais, rwandais et burundais, ainsi que leur hôte Yowerie Museveni dOuganda, et les envoyés spéciaux dans la région des Grands lacs du secrétaire général des Nations Unies, des Etats-Unis et de l’Union européenne.
Des résultats en demi-teinte
Malheureusement, la réunion de Kampala n’a pas débouché sur des décisions claires, à l’exception de la mise en place d’une forme internationale neutre censée "éradiquer" les groupes armés dans l'est de la République démocratique du Congo, mais dont le mandat et la composition restent flous. Cette force neutre est une victoire pour la diplomatie congolaise dans la mesure où l'Ouganda et le Rwanda voulaient privilégier une force composée de militaires de la région, alors que Kinshasa proposait de renforcer le mandat de la Monusco, forte de 19.000 casques bleus en grande partie déjà déployés dans l'est, et d'y adjoindre des troupes de la Communauté des Etats de l'Afrique australe (SADC). Pour Raymond Tshibanda, ministre congolais des Affaires étrangères, il est exclu que les troupes rwandaises puissent faire partie de la force neutre. « Quand on parle de force neutre, clairement elle ne peut comprendre de forces congolaises, parce qu'elle doit être internationale, ni des troupes rwandaises, parce le Rwanda est une partie du problème », a-t-il dit.
Mais, si les participants au sommet de Kampala ont reconnu la « gravité de la situation » dans l’est de la RDC, précisant que la rébellion représentait « une menace sérieuse à la paix, à la sécurité, à la stabilité et au développement dans la région des Grands Lacs », ils n’ont pas réellement mis en cause l’action du Rwanda. A l’exception bien sûr des participants congolais qui continuent à marteler que Kigali est derrière les rebelles et les aide.
Finalement, le sommet a pris des décisions peu contraignantes, du moins dans leur forme actuelle. Le communiqué final indique que la CIRGL entend mener des actions vigoureuses de façon à faire cesser définitivement les combats dans l’Est de la République Démocratique du Congo, « sans exclure la possibilité de prise de sanctions à l’endroit de ceux qui obstruent le processus de paix ». Une allusion au soutien rwandais du M23. La CIRGL entend aussi appuyer les efforts du gouvernement de Kinshasa pour restaurer la paix et la sécurité dans l’Est du Congo. Enfin, un sous-comité des ministres de la Défense de quelques Etats membres sera mis sur pied. En feront partie l’Angola, le Burundi, le Congo-Brazaville, la RDC, le Rwanda, l’Ouganda et la Tanzanie. Le sommet a confié à ce sous-comité deux missions principales consistant à arrêter des actions urgentes pour faire cesser les combats définitivement, de manière à ramener une paix durables en RDC, et à proposer des éléments précis pour rendre opérationnelle la force internationale neutre.
Venir en aide (enfin) aux populations
Par ailleurs, il a été décidé de créer un fonds d’assistance aux populations sinistrées, auxquels les Etats membres de la Conférence et les partenaires sont encouragés à participer. L’Ouganda a déjà pris l’engagement d’y verser 1 million de dollars US. Le sommet préconise l’accessibilité de l’aide humanitaire à ces populations, entre autres par la non-obstruction des voies de communication par route, par air et par eau. C’est finalement la seule décision concrète et positive.
Autre certitude : le gouvernement congolais ne négociera pas avec les mutins du M23. C’est ce qu’a déclaré le ministre des Affaires étrangères de la RDC, Raymond Tshibanda. Le M23 (Mouvement du 23 mars) est essentiellement composé d'anciens rebelles tutsis congolais du Congrès national pour la Défense du Peuple (CNDP), intégrés à l'armée de la RDC après un accord avec Kinshasa le 23 mars 2009 et qui se sont mutinés en avril dans la région orientale du Nord-Kivu, accusant le gouvernement de ne pas avoir respecté les dispositions de cet accord.
Rappelons qu’à la veille su sommet, la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton, a déclaré : « Nous soutenons les efforts de la RD Congo et nous exhortons tous les états de la région, y compris le Rwanda, à travailler ensemble pour tarir le soutien aux rebelles ».