Tous égaux sur les bancs de l’école ?


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Tous égaux sur les bancs de l’école ?
Par Jean-Jacques Durré
Publié le - Modifié le
2 min

Editorial de Pascal André, paru dans "Dimanche Express" n°29 du 2 septembre 2012 :

Dans quelques jours, nos enfants reprendront le chemin de l'école. Un moment vécu dans une joyeuse effervescence dans la plupart des familles, mais qui, dans d'autres, est synonyme de stress et d'inquiétude. Il y a tout d'abord celles qui ne savent toujours pas dans quel établissement leur enfant entrera le 1er septembre prochain. En effet, quelque 200 élèves, essentiellement bruxellois, sont toujours en attente d'une inscription définitive en première année secondaire. Soit près du double que l'an dernier. Cette situation est d'autant plus inacceptable que les parents sont loin d'être tous égaux devant le décret inscription, pourtant censé introduire davantage de mixité sociale. Bons connaisseurs du système, certains d'entre eux n'hésitent pas à tricher (adresses bidons, fausses domiciliations…) pour obtenir l'école de leur choix, encouragés parfois dans ce sens par les chefs d'établissement eux-mêmes. Des stratégies nécessitant souvent des moyens financiers et des relations qui ne sont pas à la disposition de tous.

La rentrée sera également source d'angoisses pour toutes celles et tous ceux qui, de plus en plus nombreux chaque année, ont du mal à nouer les deux bouts. D'après une enquête menée par la Ligue des familles, les parents consacrent en moyenne 413 euros par an et par enfant pour les fournitures scolaires, les voyages et autres activités extrascolaires, ainsi que pour la remédiation. Un montant considérable, surtout quand on sait que l'enseignement se présente comme gratuit dans notre pays. Il arrive même que, dans certains établissements, les frais scolaires servent d'instrument de sélection. En Flandre, par exemple, un directeur d'école a exigé de ses 700 élèves qu'ils possèdent tous une tablette iPad pour le 1er septembre, et cela malgré un avis négatif de l'inspection académique.

Autre phénomène inquiétant: le recours exponentiel aux cours particuliers, dû en grande partie à l'ampleur de l'échec scolaire dans notre pays. Non seulement, ce phénomène pose la question de la qualité de notre enseignement (un élève sur dix y aurait recours au moins une fois durant son cursus), mais il remet aussi en cause sa philosophie. Le coût parfois excessif des cours particuliers (jusqu'à 50 euros de l'heure) induit en effet une dualisation entre parents, ceux qui peuvent se les permettre et ceux qui ne peuvent pas. Nous sommes donc bien loin de l'intention des législateurs du décret Mission qui appelaient à une école gratuite permettant l'égalité des chances entre tous les enfants.

Catégorie : En dialogue

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