Accusé par le Parlement paraguayen d’avoir « mal rempli ses fonctions », le président Fernando Lugo, ancien évêque catholique du diocèse de San Pedro, a été renversé par un coup d’Etat. Du moins, c’est que pensent les différents gouvernements d’Amérique Latine. Une accusation aux lourds impacts économique et politique pour le Paraguay.
Le 25 juin, un nouveau gouvernement a été investi au Paraguay. Elu en avril 2008 à 40,8 % contre 30,8 % pour sa rivale, Blanca Ovelar, du Parti Colorado, le président Fernando Lugo, destitué, a été remplacé par le Vice-président, Federico Franco (Parti libéral). Jeudi 21 juin, la Conférence épiscopale du Paraguay (CEP) avait recommandé au président, après que le Congrès ait autorisé le lancement d’un procès politique (plié en 48h…), de se démettre « pour éviter une vague de violence » : « Vue la grave crise politique que traverse la République, en tant qu’Eglise du Paraguay, nous nous adressons aux représentants du gouvernement et à tous les citoyens afin de les exhorter une fois encore à la paix et à la sauvegarde de la vie humaine comme valeur suprême ».
Destitué à cause d’un « conflit terrien »
A l’origine de cette requête, un affrontement sanglant entre policiers et paysans sans terre à 250 kilomètres de la capitale Asunción. Les ‘sans-terre’ occupaient une propriété à Curuguaty, appartenant au sénateur Blas Riquelme, du Parti… Colorado. Les dégâts et les pertes humaines sont importants : 17 personnes tuées, dont 6 policiers et 11 paysans, et des dizaines de blessés graves. Les députés et les sénateurs ont fait porter la responsabilité de ce massacre au président Lugo, surnommé « l’évêque des pauvres ». Le 22 juin, le Sénat a exprimé son accord à la destitution du Président. Motif ? La mauvaise gestion de ces affrontements. Plutôt faible comme argument… Une tentative des « riches » pour se débarrasser de la gauche au pouvoir ? Quoi qu’il en soit, cette éjection de Lugo ne fait pas l’unanimité en Amérique Latine.
Franco, dit l’indésirable…
Pour le moment, le nouveau président paraguayen Federico Franco n’a pas été reconnu par la communauté internationale. Le chef de l’Etat vénézuélien Hugo Chavez, a déclaré ne pas vouloir « soutenir un coup d’Etat », à l’instar des gouvernements de Bolivie, d’Equateur, du Salvador et du Nicaragua. Il a d’ores et déjà annoncé qu’il allait suspendre ses livraisons de pétrole au Paraguay. De son côté, l’Argentine a averti qu’elle suspendait la participation du Paraguay au prochain sommet du Mercosur. De la même façon, le pays s’est vu retirer, de façon immédiate, le droit de participer à la 43e réunion du Conseil du marché commun et au Sommet des présidents, qui se tient les 28 et 29 juin à Mendoza, en Argentine. Sept pays latino-américains ont déjà rappelé leur ambassadeur du Paraguay : L’Argentine, le Brésil, la Colombie, l’Uruguay, le Pérou, l’Equateur et le Mexique.
A.L (avec Fides et Apic)