La première enquête sur le bien-être psychologique menée auprès des Belges francophones donne un tableau assez sombre concernant le moral de la population. Les catholiques partagent-ils ce mal-être ? A vous de répondre !
L’enquête réalisée par l’institut Dedicated Research (1) sur le bien-être révèle en fait un mal-être assez inquiétant dans le chef des francophones du pays. 10% de cette population souffrirait en effet de dépression, plus ou moins sévère. Pire, 8% des 18-75 ans ont déjà tenté de se suicider… Quant aux autres chiffres principaux mis en avant par cette enquête, ils confirment le pessimisme ambiant: ils sont ainsi 45% à craindre de tomber dans la précarité, 57% à être inquiets pour l’avenir de leurs enfants et autant à avoir besoin d’un accompagnement psychologique. Dans ce sombre tableau, ce sont surtout les femmes seules avec enfants qui expriment une telle détresse, mais aussi les jeunes et les demandeurs d’emploi.
Si un tel sondage avait affiné les réponses en fonction de l’appartenance religieuse, les catholiques auraient-ils formé un groupe plus ou moins pessimiste que la moyenne ? Il est évidemment impossible de répondre a priori à cette question… Ce que l’on sait en revanche, c’est que la foi ne rend pas la vie plus rose. Si c’était le cas en effet, comment expliquer qu’autant de prêtres souffrent de mal-être voire de vraie dépression ?
Dans un dossier du journal Dimanche (n°21) consacré au stress, il était rapporté que selon une enquête de l’Université pontificale salésienne menée auprès de 300 prêtres diocésains et religieux en Italie, environ un tiers d’entre eux éprouvaient des difficultés à vivre sereinement leur engagement pastoral. Des chiffres confirmés par ailleurs.
Peu de religieux parle ouvertement de leur déprime comme a pu le faire Jean-Marie de Terwangne, qui a su se relever d’un « burn-out » dont il témoigne dans un livre-confession (2). Son salut, explique-t-il, fut surtout de ne pas se sentir seul « dans l’océan déchainé ». Cette solitude, morale le plus souvent, c’est le mal du siècle qui explique que 57% des Belges aient besoin d’un accompagnement psychologique. Pour ce prêtre, la foi n’a donc pas été pour lui une protection. Mais elle l’a aidé à s’en sortir.
D’autres voies pour s’épanouir
Mais les ressources pour être bien sont sans doute aussi en chacun de nous. Ainsi, l’abbé Jean Dewandre s’est-il rendu compte que pour tenir le choc de la vie de prêtre, il fallait pouvoir concilier vocation et passion. Cet amateur de rallye automobile se met donc de temps à autres derrière le volant de sa Talbot Sunbeam de compétition. Une question d’équilibre afin de rester un prêtre épanoui. « Quel message peut-on faire passer si on n’est pas bien dans sa peau? », demande ce sage qui estime qu’il faut connaître ses limites et faire face à ses besoins humains.
Pierre GRANIER
(1) À la demande de Solidaris, la RTBF et Le Soir
(2) « Ta vie peut refleurir », de Jean-Marc de Terwangne, ed. Fidélité, 12,80 euros