Les fuites au Vatican dites « Vatileaks » sont une « épreuve » pour Benoît XVI et la curie. Si elles sont graves, elles ne sont ni tragiques, ni terribles. La crise sera surmontée « en identifiant la vérité et les problèmes », a assuré le directeur du Bureau de presse du Saint-Siège le 29 mai 2012. Interrogé sur de possibles luttes de pouvoir au Vatican, le Père Federico Lombardi a invité les journalistes à adopter une attitude de prudence dans leurs interprétations.
Il s’agit d’une situation « clairement grave », a déclaré le Père Lombardi, tout en affirmant qu’elle n’était, à ses yeux, ni « tragique, ni terrible ». Pour le porte-parole du Vatican, la situation doit être surmontée « avec un pas décisif » pour « récupérer la confiance du peuple de Dieu, que le pape mérite ». Et d’inviter les collaborateurs de Benoît XVI à appuyer le pape. Pour cela, un « chemin difficile de vérité » a été entamé, fait d’interventions nécessaires pour rétablir la confiance dans le gouvernement de l’Eglise.
Interrogé sur l’existence de possibles luttes de pouvoir ou d’intérêts qui seraient à l’origine des fuites de documents confidentiels, le Père jésuite a fait cette constatation : « On lit beaucoup de choses sur ce thème, il existe différentes interprétations ». Il y a ceux qui l’interprètent de façon très lourde, ou qui structurent tout en termes de luttes de pouvoir ou personnelles. Le directeur du Bureau de presse du Saint-Siège a appelé les journalistes à adopter une attitude de prudence, de s’en tenir aux faits, « avant d’attribuer des intentions ou des stratégies » qui ne sont pas vérifiées.
A l’émission de la RTBF « Matin Première » de ce jour, Bertrand Henne recevait le journaliste Frédéric Mounier, correspondant à Rome du journal La Croix et le professeur à l’UCL J.-P. Delville. Il les interrogeait à propos de ces fuites de documents confidentiels au Vatican, les « Vatileaks » dont on parle beaucoup en ce moment. Le contenu de ces documents qui auraient dû rester confidentiels, ne comporte cependant pas de grandes révélations. Par contre les fuites montrent « comment des tensions peuvent se former au quotidien », admet le professeur d’histoire de l’Eglise. Même s’il s’agit de notes et de papiers de brouillons privés, « ils auraient normalement dû valser à la poubelle ».
Frédéric Mounier relevait également que ces fuites font ressortir des dissensions au sein de la curie et c’est pour cela que le Vatican cherche à faire taire ces divulgations. Des tensions entre deux tendances qui ont toujours existé au Vatican, observait le professeur Delville « entre les politici et les intransigenti », c’est-à-dire, pour simplifier l’explication, entre l’aile libérale qui négocie et l’aile intégriste plus austère et peu encline aux compromis.
BL (avec Apic/imedia/rtbf)