Les chiffres sont éloquents: en 10 ans, 500.000 migrants ont choisi la Belgique comme terre d’accueil. Et un quart de la population belge a un parent né étranger. Selon une étude de l’institut Itinera, la Belgique est devenue une véritable terre d’immigration.
Les migrants et la Belgique ont une histoire commune qui varie selon les époques. Après les trente glorieuses (les années suivant la seconde guerre mondiale) et les accords visant à faire venir des travailleurs immigrés en Belgique (l’exemple des 50.000 italiens venus travailler dans nos mines belges dans les années ’45 est significatif), l’immigration en Belgique a progressivement évolué vers le regroupement familial et l’asile, parallèlement à l’effet croissant de la mobilité intra-européenne. C’est l’année 1973 qui marque un tournant dans l’histoire de l’immigration dans notre pays. La première crise du pétrole déclenche l’arrêt de l’arrivée de travailleurs peu qualifiés. A partir de ce moment et jusqu’à aujourd’hui, les permis de travail sont fournis aux travailleurs les plus qualifiés. Durant les vingt dernières années, le flux migratoire entrant augmente de nouveau et est dû à trois causes, partiellement liées: un accroissement des demandes d’asile, le regroupement familial pour les 2e et 3e générations d’immigrants et la venue d’importants contingents d’européens; Bruxelles oblige!
Cette deuxième partie du XXe siècle a donc vu la Belgique se transformer au fil des années en terre d’immigration. Proportionnellement, la Belgique accueille d’ailleurs plus d’immigrants que ses voisins, et même que les Etats-Unis ou le Canada, reconnus comme terres d’immigrations par excellence.
Provenance multiple, installation dans les grandes villes
Sur la dernière décennie, la Belgique a vu entrer 500.000 personnes sur son territoire, soit 4,5% de sa population. Leur provenance est diverse, mais deux tendances se dégagent: d’une part, les migrations européennes provenant des états membres de l’Europe des quinze avec une croissance soutenue des arrivées en provenance de l’Europe de l’Est, et d’autre part, les migrations extracommunautaires. Il faut savoir que les migrations d’européens vers notre pays sont les moins durables; ceux-ci quittent la Belgique après quelques années. Au contraire, les migrations extracommunautaires sont plus définitives. Les migrants viennent du Maroc, de la Turquie, de la RDC, mais également de la Chine, du Cameroun, de l’Inde ou de l’Arménie.
En Belgique, l’immigration se concentre dans les grands centres urbains que sont Bruxelles, Anvers, Gand, Liège, Louvain. La région bruxelloise est la région accueillant le plus d’immigrés (35%). La Wallonie, elle, accueille de moins en moins de migrants.
L’institut Itinera continue son étude en s’intéressant à l’intégration des migrants en Belgique et à l’évolution des migrations futures. Quant aux conclusions de l’étude, elles sont envisagées sous un aspect positif, si on considère que la migration peut être vue comme sauvant le pays d’un déclin démographique certain, mais évidemment les défis de l’immigration restent considérables.
Lire l’entièreté de l’étude sur www.itinerainstitute.org
SB
Photo: Bertrand Vandeloise