Unis dans la diversité, était réellement le thème de cette grande journée événement qui voulait non seulement faire la fête mais surtout souligner que l’Europe a toutes les raisons d’espérer en un avenir meilleur. Chrétiens de différentes Églises, mouvements et communautés se sont rassemblés dans un même élan autour d’un panel de personnalités du monde politique, institutionnel et culturel européen. Si la crise économique cause des ravages, les Européens peuvent néanmoins oser espérer s’en sortir en étant unis et solidaires. C’est le message commun de fraternité que les différents intervenants de ce samedi ont livré pour ranimer l’idéal d’une Europe en désespérance.
Après une célébration œcuménique qui donna le ton à cette journée placée sous le signe de la diversité, le parlement Européen lui a emboîté le pas en élargissant la réflexion à la dimension économique, « l’économie, une affaire de don« . Tant le professeur d’économie L. Bruni que notre ministre Steven Vanackere (Ministre des finances) ont démontré comment la vision chrétienne peut dégager des pistes de solidarité et ouvrir le modèle économique à la croissance, de manière durable et responsable, tout en résistant aux fluctuations.
Des fluctuations, qui à l’image des intempéries peuvent être à l’origine de véritables séismes. Maria Voce (Présidente des Focolari) n’a pas hésité à parler de « tsunami sur toute la planète« . Face à ces menaces, elle a appelé à mettre tout en action pour donner ce que Dieu nous a donné, à nous enrichir de la diversité. Elle a parlé de cette « entreprise fascinante dans laquelle nous avons à habiter la terre dans un esprit de communion ouvrant un avenir de fraternité et de paix »
Comme sa compatriote, Andrea Ricardi, (Ministre Italien de la Coopération internationale et de l’Intégration), le fondateur de Sant’Egidio oppose la vision d’une Europe d’anciens combattants à celle d’une Europe communautaire. L’Europe doit être communautaire du sommet à la famille. « Si on est seul, on n’est rien« , a martelé le ministre et professeur. La méthode, c’est ensemble avec l’unité comme charisme. Remontant aux sources de la crise, A. Ricardi a montré combien l’attitude individualiste et repliée sur soi est à l’origine de l’absence de sens communautaire. Sans lien communautaire la solitude des Européens est grande et génère une vision pessimiste, dénuée d’espérance. Fermer les frontières ne protège pas, c’est la communauté humaine qui protège la société, a-t-il insisté. Revenant au Concile Vatican II, le ministre italien a relevé le lien entre cet événement et l’Union européenne. Il l’a évoqué comme « le premier événement paneuropéen qui projeta les chrétiens européens dans le monde et inaugura l’œcuménisme« .
Si Romano Prodi, avait fait le déplacement, c’est pour délivrer un message optimiste, malgré la crise. « Il faut ouvrir un nouveau chapitre. Les pays ont perdu un peu de leur force en perdant de leur souveraineté. Mais ils peuvent devenir grands comme la Chine et les Etats Unis. L’Europe peut même devenir plus grande que les Etats-Unis. Mais pour cela il faut s’unir plutôt que de se diviser, c’est en s’unissant qu’on augmentera notre force « , a confié l’ancien président de la Commission européenne, en marge de son intervention.
Pour illustrer la maxime européenne » Unité dans la diversité » Herman van Rompuy, s’est appuyé sur des références aux philosophes allemands Fichte et Buber. Dans son message vidéo le président du Conseil européen encourage ses concitoyens à placer la relation entre altérité et solidarité dans une perspective de destin fraternel pour tous.
Clôturant les riches échanges de la journée du 12 mai, et avant la grande fête des jeunes à Tour et Taxi (Street Light), les responsables des mouvements et communautés ont proclamé un manifeste final par liaison satellite à l’intention des institutions et citoyens européens. Ce manifeste lu par Michelle Moran, (Sion Community) (photo) exprime un condensé des lignes de force qui ont servi de trame à la rencontre : « notre diversité n’est pas un motif de division mais elle représente une multiplicité de dons et de potentiels« . (…) « Face à la crise qui frappe notre continent, nous sentons, qu’il nous appartient de ne pas nous replier sur nous-mêmes » car « L’Europe a besoin de davantage d’unité« . « Un avenir de paix, de prospérité et de justice ne s’obtient qu’ensemble, dans l’échange et la collaboration. » Enfin, ce manifeste prononcé à Bruxelles, capitale de l’Europe, affirme avec détermination qu’ « ensemble nous voulons construire une Europe qui soit, avec générosité, ouverte aux défis du monde le plus pauvre ; une Europe qui mette au centre de ses préoccupations et de ses engagements la recherche de la paix et d’une vie qui se vive ensemble. »
BL
Ecoutez les trois interviews réalisés au cours de cette journée « Ensemble pour l’Europe » :