« Conflits en milieu rural », le titre du rapport en dit long sur les violences auxquelles sont confrontés les travailleuses et travailleurs ruraux brésiliens. Publié chaque année, cette somme d’informations, collectée par la Commission Pastorale de la Terre, a pour objectif de donner une visibilité à la dangerosité de cultiver sa terre aujourd’hui, au Brésil.
Dès la couverture, le ton est donné. En rappelant l’assassinat des deux militants de la CPT, José Claudio Ribeiro da Silva et son épouse, le 24 mai 2011, au cœur de l’Amazonie, le rapport souligne à quel point le climat de violence en milieu rural se radicalise chaque année davantage. Le couple est d’ailleurs devenu au Brésil un symbole des violences qui menacent les militants pour la défense de l’environnement. Tout comme l’avait été Sœur Dorothy Stang, la religieuse américaine assassinée sept ans plus tôt dans la même région. Et le problème s’est aggravé depuis que la présidente, Dilma Roussef, est au pouvoir et que la réforme agraire est absente de ses priorités. Le rapport signale d’ailleurs que, lors la première année de mandat de celle qui a succédé au président Lula, le nombre de familles qui ont obtenu une terre a été le plus bas depuis 1995.
De plus en plus de conflits, de plus en plus de menaces
En 2011, la CPT a ainsi recensé 1363 cas de conflits liés à la terre, soit une augmentation de 21,32% par rapport à 2010. Les conflits qui ont le plus augmenté sont ceux impliquant les intérêts économiques privés des grands propriétaires terriens, des exploitants forestiers et des compagnies minières. Ils représentent aujourd’hui près de 70% des violences. La CPT révèle aussi une augmentation de 75,7% du nombre de familles expulsées de terres occupées. Et en 2011, ce sont plus de 15.000 familles, soit plus de 50% par rapport à l’année précédente, qui ont été menacées de mort. Des menaces d’ailleurs en hausse vertigineuse, puisqu’elles sont passées de 125 en 2010 à 347 en 2011. Principales cibles? Les indigènes, les militants pour la défense de l’environnement, les représentants de l’Etat et les leaders de syndicats pour une agriculture familiale.
Des lois qui ne sont pas respectées
Le rapport est formel: Ce qui domine encore aujourd’hui est la loi imposée par les grands propriétaires qui occupent les terres illégalement, les exploitants forestiers et les grands fermiers. Les lois de l’Etat brésilien ne sont pas respectées dans le monde rural.
Malgré cela, conclut le rapport, même au milieu de tant de conflits, de violences et d’agressions constantes, et face à des intérêts économiques toujours plus puissants, la capacité de résistance et de lutte des peuples indigènes et des communautés paysannes ne faiblit pas.
APIC/SB