Economie belge: risque de fragilisation des plus précarisés ?


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Economie belge: risque de fragilisation des plus précarisés ?
Par Jean-Jacques Durré
Publié le - Modifié le
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La Commission européenne a rendu ses recommandations pour améliorer la situation économiques de la Belgique. Elle pointe du doigt, entre autres, des dépenses en soins de santé trop élevées et l’indexation des salaires. Deux éléments qu’elle demande de réexaminer. Au risque de fragiliser les plus faibles ?

Si les réformes mises en place par le gouvernement d’Elio Di Rupo sont globalement appréciées par la Commission européenne, elle estime qu’ils restent insuffisants. Dès lors, dans son rapport, la Commission juge que la Belgique doit faire davantage d’efforts pour retrouver une situation budgétaire saine et améliorer sa position concurrentielle.

Parmi les mesures sur lesquelles notre pays devrait se pencher figurent les coûts salariaux élevés. Mais la Commission voudrait aussi que l'âge de la retraite soit mieux adapté à l'espérance de vie. La Commission demande aussi à la Belgique de respecter un objectif de déficit public sous les 3% en 2012 et 2013. Pour elle, la fiscalité environnementale devrait être relevée alors que dans différents secteurs (commerce de détail, énergie, télécoms...) une plus grande concurrence devrait permettre de faire baisser les prix.

Mais ce qui inquiète bon nombre d’observateurs, c’est le fait que l’Europe revient sur un sujet tabou dans notre pays : l’indexation automatique des salaires, qui devrait être réformée aux yeux des dirigeants européens. De même, la commission Barroso prône la diminution des dépenses en matière de soins de santé. Deux sujets où les vues des partis de la coalition divergent, mais qui touchent à la fois au pouvoir d’achat et à la précarité. Car, force est de reconnaître qu’aujourd’hui, malgré un système social et de santé performant, certains compatriotes ne peuvent plus avoir accès à des soins décents. Au-delà des chiffres, il y a donc aussi une réalité humaine et un problème de société.

A cet égard, il est utile de rappeler qu’en mars dernier, les évêques de Belgique, conjointement avec le Conseil Interdiocésain des Laïcs (CIL) et Het Interdiocesaan Pastoraal Beraad (IPB), avait lancé un « appel urgent pour une société plus solidaire » face à la crise économique. Ils estimaient qu’il fallait s’indigner face à l'inacceptable, notamment devant la remise en question de la sécurité sociale comme protection des plus défavorisés. Ils appelaient à se mobiliser et à agir de manière urgente pour restituer à chacun sa capacité d’acteur, de partenaire, de coresponsable.

Cet appel n’a visiblement pas été entendu par les responsables de la Commission européenne.

Jean-Jacques Durré

Relire l'appel des évêques et revoir la vidéo "Appel urgent pour une société plus solidaire"


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