Les 200.000 catholiques que compte actuellement la Turquie devront encore patienter avant de voir évoluer le statut juridique de l’Eglise catholique dans leur pays. C’est le constat qui ressort suite à la consultation de la Conférence épiscopale turque par le parlement d’Ankara, le 16 avril 2012. Pour cet Etat qui revendique sa laïcité*, l’Eglise Catholique n’existe pas en tant qu’institution.
La consultation de la Conférence épiscopale par le gouvernement turc, est certes un point positif, reconnaît Mgr Louis Pelâtre, vicaire apostolique d’Istanbul. "C’est une étape d’un long processus, car depuis de décennies, l’Eglise catholique en Turquie réclame la reconnaissance juridique, qui ne vient pas", a-t-il déclaré sur les ondes de Radio Vatican.
La question de la reconnaissance juridique de l’Eglise catholique en Turquie était au cœur d’une rencontre demandée par l’ambassadeur turc près le Saint-Siège, Kenan Gürsoy. Mgr Ruggero Franceschini, président de la Conférence épiscopale turque. Jusqu’ici seuls les responsables orthodoxes avaient été entendus. En février dernier, le patriarche œcuménique Bartholomeos Ier de Constantinople avait été consulté par la commission parlementaire qui travaille à la rédaction d’une nouvelle Constitution turque. A cette occasion, il avait demandé la reconnaissance de la personnalité juridique pour les communautés religieuses, de façon à ce qu’elles puissent acquérir des propriétés. Ce processus est particulièrement long et difficile, selon Mgr Louis Pelâtre, qui se réjouit toutefois d’avoir été consulté par la grande assemblée nationale de Turquie.
Le prélat d’origine française relève que, selon les responsables turcs, une telle reconnaissance juridique ne correspond pas à la législation turque actuelle. "Mais si une telle rencontre pouvait avoir une influence sur la rédaction de la nouvelle Constitution, pour ultérieurement essayer de régler cette question, ce serait bien!"
Mgr Pelâtre souligne l’importance d’une telle reconnaissance avant tout pour les fidèles catholiques qui sont des citoyens turcs. Lui-même ne peut ouvrir un compte en banque qu’en son nom propre, pas au nom de l’Eglise catholique, "une institution qui n’existe pas" en tant que telle en Turquie.
* La constitution du 10 décembre 1937 définit la Turquie comme « État républicain, nationaliste, populiste, étatiste, laïque et réformateur » _ les « six principes d’Atatürk ».
(apic/mvl)