Editorial de Jean-Jacques Durré paru dans le « Dimanche Express » n°16 du 29 avril 2012 :
Le problème de la surpopulation carcérale a refait surface, à la suite d’évasions et de menaces dont les gardiens ont fait l’objet. La situation est à ce point « explosive » qu’elle a entraîné diverses réactions et même la visite, à la prison de Forest, de Luc Hennart, premier président du tribunal de première instance de Bruxelles. Nous abordons cette problématique en page 5 et sur notre site www.infocatho.be.
Au-delà du constat, il importe de se poser des questions sur la dignité à laquellel chaque homme a droit, fût-il le plus grand des criminels. Certes, certains diront que « finalement les criminels et autres délinquants n’ont que ce qu’ils méritent ». C’est un raccourci que, comme chrétiens, nous ne pouvons accepter. Il est de coutume de dire que les prisonniers paient leur dette à la société pour le mal qu’ils ont fait. Mais, être condamné pour des faits même graves ne doit pas entraîner celui qui est emprisonné dans une indignité qui n’aura pour conséquence que d’augmenter son rejet de la société et d’accroître sa haine de la justice.
Oui, les conditions actuelles de vie carcérale sont indignes d’une société moderne. Il ne s’agit pas ici de faire le procès des institutions ou des politiques. Mais ce problème de prisons surpeuplées n’est pas neuf, hélas. Il y a bien longtemps que les différents gouvernements qui se sont succédé à la tête du pays, auraient pu prendre des solutions afin que chaque prisonnier puisse au minimum vivre dignement, même dans une cellule de 9 m². Il est vrai que ce n’est pas très porteur électoralement.
Pourtant, c’est bien d’un enjeu de société qu’il s’agit. Nous vivons de plus en plus dans un environnement sécuritaire. Bien sûr, il ne faut pas délaisser les victimes qui ont parfois des difficultés à oublier, quand elles le peuvent. La souffrance se trouve là. Mais ne faut-il pas aussi donner une chance de réhabilitation à ceux qui ont commis parfois l’irréparable? « Je suis du côté des victimes, mais à côté de ceux qui leur ont fait du mal », affirme le Père Guy Gilbert. Le Christ aussi est allé vers les pécheurs, même si son cœur était tourné vers ceux qui souffrent.
Dans une société moderne qui s’affirme soucieuse des droits de l’homme et de la dignité de chaque être humain, il est donc naturel que cela s’applique aussi à ceux qui sont privés de liberté. Sans cela, nous perdrons notre âme et les beaux discours sur la démocratie et le droit à vivre dignement ne seront que des discours creux.