Dans « Le Facteur 12 », les économistes chrétiens Gaël Giraud et Cécile Renouard affirment qu’il faut imposer une échelle des salaires où les mieux payés ne toucheraient « que » douze fois le Smic. Non seulement pour une question morale, mais par bon sens économique et aussi pour sauver la planète.
Pour Gaël Giraud et Cécile Renouard, qui viennent de sortir un essai intitulé « Le Facteur 12 » (Editions Montparnasse), les salaires exorbitants de certains grands patrons est symptomatique d’un paysage économique qui a perdu tout sens de la mesure. De la mesure, mais pas de l’intérêt bien compris: entre 2003 et 2010, les patrons français du CAC 40 ont vu leurs émoluments augmenter de 20%… contre 1% pour leurs salariés. Bien sûr, retrouver une échelle des salaires décente est une question morale élémentaire. Mais pour les auteurs – économiste et jésuite pour l’un, philosophe, spécialiste de l’éthique d’entreprise et sœur de l’Assomption pour l’autre – c’est aussi une question d’efficacité économique. Une efficacité qu’ils résument à un nombre, tout simple: 12. Ils imaginent ainsi un système dans lequel les salaires les plus élevés ne dépasseraient pas douze Smic – soit, à l’heure actuelle, quelque chose comme 17.000 euros bruts mensuels.
Mais en quoi ce plafond est-il pertinent? Trois raisons sont avancées par les auteurs. D’abord, les « salaires stratosphériques » vont gonfler des bas de laine économiquement inutiles, voire encourager la spéculation, alors que, redistribués aux plus démunis, ils permettent de relancer la consommation, donc la croissance. Ensuite, une société moins inégalitaire recrée du lien social, qui est un gage précieux de compétitivité, comme on l’observe dans les pays du Nord de l’Europe (Danemark, Suède…), à la fois ultra-équitables et parfaitement intégrés dans la mondialisation. Enfin, parce que le sort de notre planète en dépend. En effet, une société plus égalitaire est, aussi, un peu moins destructrice de ressources naturelles.
Concrètement, les deux économistes prônent les réformes suivantes: retour à une fiscalité sévère qui abolisse les niches fiscales improductives et rabote tout ce qui dépasse les douze Smic. Mise en place d’une taxe accrue sur le patrimoine. Imposition, par l’État, d’un plafonnement des salaires pour toutes les entreprises souhaitant concourir à ses appels d’offre. Etc.
PA/d’après « La vie »