Dans une brochure d'une trentaine de pages, le sénateur MR Richard Miller livre ses réflexions sur le rapport entre la foi religieuse et la société libérale.
Ce petit ouvrage s'intitule d'ailleurs "Foi religieuse et société libérale". Il reprend en fait les éléments que le philosophe et parlementaire wallon avait présentés lors d'une conférence à l'UCL-Mons, en novembre 2011.
Un double constat est à l'origine de cette réflexion: la résurgence du fait religieux et le développement de la démocratie libérale. Paradoxal? Non répond évidemment Richard Miller dans ce texte d'une belle densité qui est aussi un joli plaidoyer pro domo. "Le libéralisme, qui est la primauté à la liberté humaine, inaliénable, est la bonne façon de faire vivre ensemble les religions. On peut concilier une société libérale, fondée sur l'immanence, avec la transcendance qui caractérise les religions. Cela s'appelle la liberté religieuse et la sécurité de sa manifestation publique. Elle est d'ailleurs garantie par la Déclaration universelle des Droits de l'Homme de 1948, d'inspiration libérale."
Hayek et Rawls
Le sénateur rappelle dans son analyse que ce libéralisme est précisément née en Europe à l'époque des guerres de religion pendant laquelle était mené un combat contre la vision théocratique de la société. "Le libéralisme n'est pas une idélogie politique antireligieuse et pas seulement une doctrine économique. Il est né dans une société saturée par le christianisme mais portait dès le départ ce respect des libertés religieuses", a expliqué M. Miller qui renvoie principalement à Friedrich Hayek et John Rawls, les deux principales figures du courant libéral qui se sont plus particulièrement intéressés à cette question. Pour le premier, il n'y a de société libérale que sur base d'une société chrétienne. Le second préfère parler de société interculturelle dans laquelle les différentes religions sont capables d'un dialogue raisonnable (mais pas rationnel), excluant donc le fonds propre à chacune des religions.
Le sénateur MR semble plus en phase avec cette recherche du consensus moral dans la mesure où il ne s'agit pas "d'accomodements raisonnables". Il reconnaît que l'on retrouve des valeurs chrétiennes dans cette société, notamment la responsabilité individuelle, héritée de la conscience personneIle du chrétien. Mais fait aussitôt remarquer que sur la question de l'égalité homme/femme, le christianisme n'a jamais mis en pratique un tel principe.
Pour un impôt dédicacé
Interrogé sur l'enseignement de la religion et le financement des cultes, Richard Miller a estimé que les systèmes en vigueur en Belgique étaient plutôt bons. "Pour les cours, on peut sans doute améliorer leur structure pour éviter que ces derniers ne séparent pas les élèves, mais il faut garder de tels lieux d'éveil", a-t-il expliqué en se montrant favorable avec l'idée proposée par la Ministre de l'enseignement d'envisager un tronc commun aux cours de religion, philosophie et morale dès la primaire. Quant au financement, le sénateur est plutôt favorable à l'impôt dédicacé malgré les difficultés dans sa mise en pratique, notamment sur la question de savoir jusqu'où aller dans l'éventail des religions.
Pierre GRANIER
On peut se procurer ce texte auprès de l'Alliance des Démocrates Libéraux pour l'Europe, qui en a assuré la publication. Tél.: 02/284.21.11