Chine: la tragédie des bouddhistes tibétains


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Chine: la tragédie des bouddhistes tibétains
Par Pierre Granier
Journaliste de CathoBel
Publié le - Modifié le
4 min

Le mouvement de résistance des bouddhistes tibétains à l'égard du régime de Pékin a franchi une nouvelle étape avec le décès d'une jeune nonne bouddhiste qui a précédé de quelques heures la tentative d’immolation d’un jeune moine de 19 ans. En moins d'un an, ce sont 24 bouddhistes tibétains qui se sont ainsi immolés par le feu.

 

Les principales agences de presse internationales ainsi que le très officiel média "Xinhia", ont confirmé hier le décès de Tenzin Choedron, rapporte l’agence de presse "Eglises d’Asie". Cette jeune fille de 18 ans, nonne au monastère de Mamae, a succombé à ses blessures, suite à sa tentative d’immolation par le feu dans la soirée de samedi 11 février. Selon les récits des témoins, Tenzin Choedron avait scandé des slogans anti-chinois et appelé à la liberté au Tibet et au retour du dalai lama, avant de s’asperger de pétrole et de se transformer en torche vivante sur un carrefour de la route principale de Ngaba. Elle avait été emmenée rapidement par la police, encore vivante, vers une destination inconnue. Le gouvernement tibétain en exil à Dharmasala a infirmé la version de "Xinhua" selon laquelle la jeune fille serait décédée sur le chemin de l’hôpital de Ngaba le samedi 11 février. Dans une déclaration parue le 13 février, le Parlement tibétain affirme que Tenzin Choedron est morte tôt ce matin à l’hôpital militaire de Barkham. "Son père a été informé que son corps ne serait pas rendu à la famille pour lui rendre les derniers rites", précise même le communiqué.

Monastère encerclé par l'armée

Depuis samedi dernier, l’armée a encerclé le monastère de Mamae (Dechen Choekhorling ), pourtant déjà sous étroite surveillance depuis l’immolation et le décès en octobre dernier, d’une autre nonne, Tenzin Wangmo, âgée de 20 ans. Mamae, avec ses quelque 350 religieuses affichant leur fidélité au dalai lama, est considéré par les autorités chinoises, comme un centre dissident, sorte de pendant féminin du monastère de Kirti, dont il partage la même proximité avec la ville de Ngaba. Lors du soulèvement de 2008, les nonnes de Mamae avaient participé en masse aux manifestations et bon nombre d’entre elles avaient été molestées ou emprisonnées.
Quelques heures après ce décès, on apprenait qu'un garçon de 19 ans, Lobsang Gyatso, jeune moine de la communauté du monastère de Kirti (symbole pour les autorités chinoises de l’esprit de résistance des religieux tibétains), avait également mis le feu à ses vêtements imbibés d’essence. Les agents de la sécurité présente aux alentours du monastère ont réussi à éteindre les flammes et à évacuer l’adolescent de force, mais personne ne sait ce que le jeune garçon est devenu ni s’il est encore vivant.

24 tentatives en moins d’un an


Le geste de Lobsang Gyatso porte à au moins 24 le nombre de bouddhistes tibétains, religieux mais aussi laïcs qui ont tenté de s’immoler par le feu en moins d’un an, en protestation à la répression religieuse menée par Pékin. Depuis une semaine, le phénomène s’est accéléré brutalement, avec trois tentatives d’immolations en une semaine. Trois jours avant que la jeune nonne tente de s’immoler, un ancien moine du monastère de Kirti, Rinzin Dorje, s’était sacrifié, de la même façon atroce et spectaculaire, avant d’être évacué rapidement par les forces de l’ordre. Aucune nouvelle de lui n’a filtré depuis.
A l’approche des célébrations du nouvel an tibétain (Losar), qui cette année auront lieu du 22 au 24 février prochain, les autorités du Sichuan, ont décidé de prévenir tout soulèvement en appliquant les recettes habituelles mêlant censure et répression. Hier, le premier ministre du gouvernement tibétain en exil, Lobsang Sangay, a révélé avoir "des informations selon lesquelles des centaines de convois de tanks et de camions transportant du matériel militaire faisaient actuellement route vers le Tibet".
A Ngaba, des policiers sont postés "tous les 10 mètres" rapporte le "Guardian" du 12 février qui décrit l’impressionnant dispositif de sécurité déployé dans toute la ville, ainsi que les camions remplis de policiers prêts à intervenir avec des extincteurs, au pied du monastère de Kirti. La région est aujourd’hui coupée du monde, internet et le réseau portable ne fonctionnent plus, les journalistes sont interdits d’accès, et le moindre renseignement donné par téléphone est passible de prison.

Apic/P.G.

Catégorie : L'actu

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