Des prêtres, des milliers de fidèles du nord et de l’ouest du Honduras et des représentants de plusieurs organisations sociales honduriennes se mobilisent depuis fin décembre en faveur du Père Marco Aurelio Lorenzo. Ce curé catholique de la paroisse de Saint Michel Archange de Macuelizo, à deux heures de route à l’ouest de la capitale Tegucigalpa, a survécu à la torture et à une tentative d’assassinat de la part d’un groupe de policiers, au lendemain de Noël.
Le prêtre de Macuelizo, qui se remet de ses blessures, a été attaqué par huit policiers alors qu’il rendait visite à ses parents en compagnie de deux de ses frères. Leur véhicule a été arrêté par les agents et ses passagers ont été brutalisés.
Après les avoir battues et torturées, les agents ont tenté d’assassiner leurs victimes en simulant un accident de voiture, non sans les avoir auparavant dépouillées de leur téléphone portable, d’une somme d’argent et d’autres effets personnels. Les policiers ont tenté sans succès de pousser le véhicule dans un précipice de 300 m de profondeur.
Les policiers l’avaient dans leur collimateur
Le Père Lorenzo a déposé plainte contre ses huit agresseurs auprès du bureau du procureur à San Pedro Sula. Il a estimé que les policiers devaient pertinemment savoir qu’ils avaient affaire à un prêtre. Le Père Lorenzo, qui milite pour la défense des droits de l’homme et la défense de l’environnement dans ce pays d’Amérique centrale, a déclaré à la presse hondurienne qu’il subit depuis plusieurs années des menaces téléphoniques et des agressions policières.
Le Père passioniste Miguel Pozuelo, qui travaille dans la paroisse Pinalejo, à Santa Barbara, a déclaré à la presse que l’agression barbare commise par les policiers contre le Père Lorenzo vient certainement du fait que les policiers ont un sentiment d’impunité, qu’ils font ce que bon leur semble, comme manipuler des preuves. Le prêtre, qui se remet d’une grave blessure à la tête, a reçu de nombreuses marques de soutien de la part de sa communauté. Le religieux tabassé milite contre l’exploitation minière à ciel ouvert, qui ruine l’environnement de la région.
Bety Vasquez, du Réseau départemental des Femmes pour la vie, a affirmé qu’au Honduras, le système de sécurité a fait faillite et que plus qu’un système qui protège les citoyens, c’est un système qui promeut la violence et l’insécurité des citoyens. "Il s’est converti en un corps répressif de l’Etat, corrompu et pourri, qu’il est nécessaire de changer".
Engagé dans la défense de l’environnement et dénonçant la pollution causée par les industries minières dans la région, le Père Marco Aurelio Lorenzo avait déjà été violemment agressé en 2004 par des individus masqués portant des armes de gros calibre. Il avait également été battu en 2006, et détenu illégalement en compagnie d’autres prêtres délogés de force par des policiers dans la juridiction de Macuelizo, alors qu’ils manifestaient avec des milliers d’autres personnes contre les compagnies minières actives dans la zone. Il subit également la répression en 2008 pour avoir protesté avec d’autres prêtres contre l’adoption de la Loi minière. Le seul département de Santa Barbara compte 76 concessions minières octroyées par le gouvernement hondurien.
Le prêtre pris pour cible par la police a estimé qu’une intervention d’organisations internationales était nécessaire, comme cela s’est passé dans d’autres pays d’Amérique latine, afin d’épurer la police hondurienne de ses éléments criminels.
(apic) - Photo : defensoresenlinea.com