Benoît XVI a reçu les membres du tribunal de la Rote romaine le 21 janvier 2012. Dans un discours philosophique de haut niveau le pape a assuré que « le vrai droit » était « inséparable de la justice », il a ensuite montré l’influence profonde et pratique de la conception de l’union entre droit et justice dans la vie des personnes et des communautés.
Au cours de la traditionnelle audience accordée aux magistrats et avocats de la Rote romaine pour l’ouverture de l’année judiciaire, Benoît XVI a ainsi décrit la « voie » qu’il envisage pour que « la compréhension adéquate de la loi canonique ouvre la voie à un travail interprétatif qui s’insère dans la recherche de la vérité sur le droit et sur la justice dans l’Eglise». Dès lors, selon Benoît XVI, la loi canonique ne peut être « enfermée dans un système normatif purement humain, mais doit être reliée à un ordre juste de l’Eglise, dans laquelle une loi supérieure est en vigueur ». La loi humaine doit cependant être valorisée comme « expression de justice », a-t-il ajouté.
Evoquant les situations concrètes qui nécessitent des « solutions équitables pour atteindre la justice que la norme humaine générale n’a pas pu prévoir », Benoît XVI a ainsi mis l’accent sur les implications pratiques de la vision du droit et de la justice selon l’Eglise. « Ces réflexions revêtent une pertinence particulière dans le domaine des lois qui concernent l’acte constitutif du mariage, la consommation et la réception de l’Ordre sacré », a-t-il ainsi souligné.
Le pape a également encouragé les membres de la Rote romaine dans les nouvelles compétences qui leur ont récemment été confiées. En effet, par le Motu proprio publié le 27 septembre 2011, Benoît XVI avait transféré la compétence de traiter les procédures pour la concession de la dispense du mariage « conclu et non consommé » et les causes de nullité de l’ordination sacrée depuis la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements vers un nouveau service dépendant de la Rote romaine. Ce transfert, attendu depuis des années, est une nouvelle étape dans le remodelage progressif de la curie romaine voulu par le pape.
La Rote romaine est l’un des trois tribunaux de l’Eglise catholique universelle (avec la Pénitencerie apostolique et le Tribunal suprême de la signature apostolique), dont le siège est à la Chancellerie apostolique au Vatican. C’est essentiellement un tribunal d’appel qui traite en dernière instance les demandes de reconnaissance de nullité de mariage. La plus grande partie de ces procédures est traitée au plan des tribunaux diocésains et métropolitains. C’est également la juridiction d’appel du Tribunal ecclésiastique de la Cité du Vatican.
1.080 procédures d’annulation de mariage sont actuellement en attente à la Rote romaine, c’est le chiffre annoncé par Mgr Antoni Stankiewicz, doyen de la Rote romaine, lors de cette audience des juges par le pape Benoît XVI. En tout, la justice traite actuellement 1.115 demandes. La Rote romaine traite actuellement, selon le doyen, 400 procédures de dispense pour des « mariages conclus » mais non consommés et 10 demandes d’annulation d’ordination sacerdotale.
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