La communauté bénédictine d’Abu-Gosch, tout comme le village arabe du même nom, près de Jérusalem, est réputée pour les excellentes relations qu’elle entretient avec ses voisins juifs. Le lieu fut identifié par les Croisés comme étant le site biblique d’Emmaus… Hasard ou clin d’oeil, aujourd’hui l’abbaye accueille des juifs, des chrétiens, des musulmans, des touristes, et surtout…des soldats israéliens !
« Les médias ne parlent que des problèmes et des conflits, mais il y a aussi des lieux de partage. Chez nous, il arrive tellement de personnes différentes que cela ressemble à une mosaïque multicolore », affirme le Père Olivier. Depuis près de 30 ans, ce bénédictin français s’engage à faire de son abbaye une maison ouverte à tous, et même aux militaires israéliens. « Tout a débuté par une limonade partagée un jour de canicule en été », raconte-t-il au sujet de sa première rencontre avec le commandant responsable de la formation des soldats à Jérusalem. « C’était en 1984. Depuis, des générations de soldats ont visité l’abbaye bénédictine : ils ont été jusqu’à 12 000 par année, ils sont actuellement environ 4000 ».
« La plupart d’entre eux », affirme le Père Olivier, « viennent contre leur volonté et sans conviction ». Le changement que le religieux peut alors observer chez eux est d’autant plus étonnant. Beaucoup expriment le souhait de revenir. Des contacts étroits se tissent avec certains.
Parlant couramment l’hébreu, et ayant acquis la nationalité israélienne, le bénédictin reste modeste. « Je ne suis pas un gourou pour ces soldats, comme certains le prétendent. C’est bien plus simple : J’accueille et je reçois quelque chose en retour. » Devant les jeunes soldats, il parle librement du message de l’Evangile, mais il ne cherche pas à convertir ses visiteurs. « Il ne s’agit peut-être que d’une goutte, mais elle montre que cela fonctionne ».
Apic/A.L