Rowan Williams, archevêque de Cantorbéry, a dénoncé "la cupidité et l'anarchie qui règnent au Zimbabwe", indique le quotidien anglais "The Guardian". Le chef de la Communion anglicane s'est exprimé dans le stade d'Harare, devant 15.000 personnes, le 9 octobre 2011.
Après le Malawi, Rowan Williams continue sa visite pastorale en Afrique centrale. Son séjour au Zimbabwe, du 9 au 10 octobre, pourrait rester dans les mémoires. L'Eglise locale, actuellement ravagée par une scission dévastatrice, espère beaucoup de la venue du chef spirituel de 77 millions d'anglicans. Une lutte de pouvoir oppose Norbert Kunonga, évêque excommunié d'Harare et supporter de Robert Mugabe, à son remplaçant Chad Gandiya. Des croyants ont été arrêtés, battus et expulsés des églises par la police, loyale au dictateur zimbabwéen.
"Vous savez bien ce que c'est que d'être mis à la porte par ceux qui se réclament du christianisme et de l'anglicanisme. Vous savez comment ceux qui, par leur cupidité et leur violence, ont refusé la grâce de Dieu, essaient de réduire au silence votre pratique religieuse et d'entraver votre témoignage dans les églises, écoles et hôpitaux de ce pays", a déclaré l'archevêque devant une foule en liesse. "Mais vous savez que la volonté de Dieu d'inviter toute personne à son festin est si forte qu'elle triomphera de ces attaques stupides et impies".
Dans son discours, ponctué par de nombreux applaudissement et acclamations, Rowan Williams a estimé que les ressources naturelles de l'Afrique avaient éveillé la cupidité des colonialistes et des impérialistes. Une malédiction, pour les personnes tuées et les communautés détruites "dans la lutte pour des diamants qui seront à jamais marqués par le sang des innocents." "Pour une longue période, une classe dirigeante anxieuse s'est accrochée au pouvoir au détriment des indigènes, de leur dignité et liberté politique. Il est tragique qu'une telle situation ait été remplacée par un autre type d'anarchie, où tant de personnes vivent dans la peur d'une attaque si elles ne répondent pas aux attentes des puissants", a dénoncé l’homme d'Eglise.
Parmi les fidèles réunis dans le stade d'Harare, nombreux étaient ceux plaçant leur espoir en l'archevêque de Cantorbéry. Avant son arrivée dans le pays, Rowan Williams avait exprimé son désir de rencontrer Robert Mugabe. "C’est une visite pastorale, mais je soulèverais bien entendu la question des persécutions contre notre Eglise avec le président Mugabe. Le résultat de cette rencontre est dans les mains de Dieu, mais j'en parlerai", avait-il affirmé à l'aéroport, avant son départ du Malawi. La rencontre, qui pourrait être cruciale, n'a pas été confirmée par le chef d'Etat zimbabwéen.
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