Ce samedi 22 octobre à Liège, une cinquantaine de personnes sont réunies au Centre Diocésain de Formation pour assister au colloque Un logement pour tous : défi pour l’Église. Compte-rendu de cette matinée de réflexion et de rencontre, organisée par la commission Justice et Paix du diocèse de Liège.
Le public-cible de ce rendez-vous est constitué de membres de fabriques d’Église qui, dans l’ombre, se consacrent à la gestion des biens temporels. A ce titre, ils ont probablement en tête les problèmes de gestion de plusieurs bâtiments dont on leur a dit qu’ils pourraient peut-être être affectés au logement social et qu’en plus, entrer dans une telle démarche les déchargerait de certains soucis. Trop beau pour être vrai ? A voir …
Quatre heures plus tard, sans avoir évacué les problèmes d’ampoules à remplacer trop souvent ou de robinets qui coulent trop, il est question de création de liens ; et l’envoi final concerne également les personnes qui ont participé à l’événement par intérêt pour la question, sans pour autant être en charge de la gestion de bâtiments. Que s’est-il donc passé pendant ces quatre heures ?
Tout a commencé par un appel de Monseigneur Jousten montrant d’abord la pertinence de la journée et le lien qui existe souvent entre très grande précarité et absence de logement. C’est en tant qu’Évêque de Liège qu’il a alors invité les participants à ouvrir leurs intelligences et leurs cœurs et à réfléchir à ce qu’ils entendraient pendant le colloque et qu’il a promis de soutenir ceux qui s’engageraient à relever le défi que constitue le logement pour l’Église.
Le Père Bernard Devert, venu de Lyon où il a fondé Habitat et Humanisme il y a vingt-cinq ans, a alors présenté la genèse de cette association qui a essaimé en France, mais aussi en Belgique et a contribué à procurer un logement à plusieurs milliers de familles. Son exposé n’a cependant pas été centré sur les résultats obtenus, ni même sur les actions menées à bien pour les obtenir, mais bien sur le refus de la misère au nom de l’Evangile et sur l’importance des liens sociaux. Ce fut particulièrement clair quand il a cité le cas de personnes pour qui obtenir un logement social n’avait pas fait du bien parce que les conditions pour y arriver avaient été telles que ces personnes avaient coupé des liens avec le «monde de la rue» sans avoir eu l’occasion d’en créer d’autres dans leur nouvel environnement.
Madame Marie-Françoise Boveroulle, cheville ouvrière du projet Bethléem dans le diocèse de Malines – Bruxelles, a communiqué son enthousiasme à travailler dans un tel projet et sa joie de constater que plusieurs autres diocèses veulent également relever le défi du logement pour tous. Son exposé a bien illustré qu’enthousiasme pouvait aller de pair avec réalisme. Effectivement, il y a des cas où les sceptiques ont raison et où il vaut mieux ne pas donner suite à un projet qui s’avère irréaliste, mais si l’on a bien ciblé le type de projets que l’on peut et veut mener et établi un dossier solide, de magnifiques réalisations peuvent éclore.
Messieurs Joël Schallenbergh, président de l’Union Wallonne des A I S (agences immobilières sociales) et directeur de Gestion Logement Namur, et Stephan Lux, directeur de l’A P L (association de promotion du logement) de Liège ont alors expliqué comment ils œuvrent au quotidien tant pour remettre des bâtiments en état que pour les louer et surtout encadrer les locataires et les aider à créer des liens sociaux. Pour ce faire, ils ont besoin de propriétaires acceptant de mettre à disposition leurs locaux et de recevoir, quand les bâtiments sont devenus habitables, un loyer moindre que celui du marché, mais garanti, avec l’avantage, très appréciable de ne plus devoir gérer eux-mêmes les immeubles concernés et surtout les relations avec les locataires. Et voilà comment des gestionnaires de biens d’Eglise peuvent être déchargés de lourds soucis de gestion immobilière en s’appuyant sur le professionnalisme de personnes soucieuses à la fois des locataires et des légitimes attentes des propriétaires.
C’est alors qu’est intervenu Monsieur Jacques Wynants, membre de la Commission Justice et Paix, mais aussi président du conseil de fabrique de la paroisse Saint-Remacle à Verviers, en illustrant très concrètement, et sans cacher certaines difficultés, comment la collaboration avec une A I S est profitable pour un gestionnaire de biens d’Église.
L’échange de questions – réponses qui a suivi l’exposé de Monsieur Wynants a permis d’apporter des éclaircissements et même d’élargir le propos des orateurs, qui s’étaient essentiellement centrés sur des habitations individuelles, quand une collaboratrice d’Habitat et Humanisme à Bruxelles a expliqué ce qui a été réalisé dans un couvent du Hainaut dont une partie reste occupée par la communauté de religieuses qui a désiré que le reste du bâtiment soit affecté au logement social et à la création de liens avec ses nouveaux voisins.
(cp/mvl)