La Conférence des évêques suisses (CES) rejette l’autorisation du diagnostic préimplantatoire (DPI). L’usage du DPI, qui vise à l’élimination des embryons « malades », n’est pas compatible avec les principes de la dignité humaine ancrés dans la Constitution helvétique. C’est ce qu’elle fait savoir dans une lettre adressée le 27 septembre 2011 au Conseiller fédéral Didier Burkhalter.
La Conférence des évêques suisses prend ainsi position au sujet de la modification de l’art. 119 de la Constitution suisse et de la loi sur la procréation médicalement assistée. « Les évêques comprennent la souffrance et l’angoisse des couples qui se savent transmetteurs d’une maladie génétique », écrivent-ils dans leur « position de principe ». Ils reconnaissent que la société leur doit une réponse de solidarité et aussi un progrès technologique. Dans la conclusion de la lettre, signée par Mgr Norbert Brunner, président de la CES, et par Erwin Tanner, secrétaire général, ils espèrent « que sont aussi favorisés des recherches et des développements visant à améliorer les conditions de diagnostic et de traitement (et non d’élimination!) dès avant la naissance des maladies dont il est fait mention pour le DPI ».
En recourant à l’usage du DPI, le Conseil fédéral entend éviter la transmission de maladies graves. Le DPI semblerait apporter une solution à la souffrance et à l’angoisse des couples. Mais « il s’agit d’une fausse solution », écrivent les évêques. Car « le DPI induit une sélection qui élimine les embryons jugés potentiellement porteurs d’une maladie grave ».
En modifiant la Constitution, on abolit la protection de l’embryon humain. Cette formulation ouvre « la voie de l’instrumentalisation ». « On lève arbitrairement l’interdiction de la congélation d’embryons non seulement pour le DPI, mais pour l’ensemble de la fécondation in vitro (FIV) ». « L’embryon n’est plus respecté pour lui-même, mais transformé en objet, ’rangé’ dans un congélateur », lit-on dans le communiqué. « Fixer un nombre de huit embryons comme limite supérieure à un DPI paraît arbitraire et difficilement justifiable sur un plan scientifique ».
En autorisant le DPI, la Suisse s’acheminerait sur une pente glissante sans voie de retour, selon les évêques. Les pays qui l’ont admis pour des cas exceptionnels ont tôt ou tard élargi les barrières fixées, jusqu’à proposer la sélection de qualités spécifiques pour l’enfant (« bébé médicament »). Or « à chaque fois un pas est franchi qui en implique nécessairement un autre », déplore la CES.
En conclusion de leur prise de position, les évêques réaffirment que « la santé ou l’épanouissement d’une personne ne dépend pas uniquement de l’intégrité de son bagage biologique ». « Le DPI, qui affirme sur ces seuls critères physiques qu’une personne ne jouira jamais d’une bonne santé, fait gravement l’impasse sur les dimensions psychologiques, sociales et spirituelles de la vie humaine ».
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