La marionnette Jonas au coeur de la pièce "le Palais de Jonas"
Par ses rituels et sa mise en scène, le théâtre est associé, dès l'origine, à l'expression religieuse. Après le Moyen-Age, ce lien s'est fait moins tenu, même si des auteurs comme Paul Claudel ont prêté leur plume pour mettre en scène des récits bibliques. Aujourd’hui, rares sont les théâtres qui mettent à l’affiche des pièces au contenu biblique.
Dans ce climat de méfiance, le Festival de Théâtre biblique de Clermont-Ferrand joue donc un rôle important : il offre une scène aux compagnies qui montent des pièces bibliques et permet à un large public de découvrir les formidables récits de cette bibliothèque de livres sacrés.
Riche de 72 représentations en neuf jours, le sixième festival auvergnat a présenté des pièces pour tout public. Grâce à des prestations en milieux carcéral, scolaire et hospitalier, le festival rend un service autant pastoral qu'artistique.
Que retenir de l'édition 2011 qui vient de se terminer ? Epinglons le spectacle sur la Genèse de Pierre Gandry et de son lutin. Avec beaucoup de poésie et de justesse, le duo évoqua les mythes du premier livre de la Bible. 'Le Cri', mis en scène par Laurent Poncelet et sa compagnie Ophélia, recense les grands cris qui ponctuent l'histoire biblique. Danse et musique urbaine entraînèrent le public à travers un fascinant parcours de citations des livres des Psaumes, d'Amos et de Job, du Cantique des Cantique et de l'Evangile de Matthieu. Dominique Touzé et sa compagnie Wakan se sont penchés sur la personnalité de Pilate. Les pages que sept auteurs ont consacrées au procurateur de Judée se succèdent dans 'Le préfet Pilate a-t-il bien fait son métier ?' La question rebondit sans cesse et renvoie les spectateurs à leurs responsabilités et à la tentation du conformisme qui finit par tuer.
La production pour les plus jeunes n'a pas été oubliée. La superbe marionnette Jonas de Clément et Marrion émerveilla les plus jeunes auxquels l'histoire de ce prophète récalcitrant fut narrée. De son côté, Dominique Decoin captiva les enfants avec des contes aux allusions bibliques qui furent ensuite décryptées avec eux. Chyc Polit puisa dans sa culture gabonaise pour entraîner ses auditeurs dans des histoires qui respirent l'univers biblique.
L'originalité du Festival de Théâtre biblique ne réside pas uniquement dans sa programmation ou ses lieux de représentation. Après chaque spectacle, les acteurs entrent en dialogue avec le public. Au festival de Clermont-Ferrand, la parole de Dieu rejoint le grand public et le monde du théâtre. L’équipe de bénévoles efficaces qui entoure Guy Darmet prépare d'ores et déjà l'édition de 2013. Espérons que des auteurs et compagnies belges seront présentes avec des mises en scène de ces écrits qui, de génération en génération, nourrissent la recherche de Dieu.
AA/at
