L’anniversaire des attentats du 11 septembre 2001 a suscité de nombreuses commémorations, parmi lesquelles une cérémonie à la cathédrale Saints-Michel-et-Gudule, en présence de Mgr André-Joseph Léonard et de nombreuses personnalités belges. Cette célébration était organisée à l’initiative, notamment, de l’ambassadeur des Etats-Unis en Belgique.
Retour sur les déclarations du monde catholique concernant ces attentats.
Dix ans après les attentats qui ont frappé les Etats-Unis le 11 septembre 2001, Benoît XVI a invité « les responsables des nations et les hommes de bonne volonté à toujours refuser la violence comme solution aux problèmes, à résister à la tentation de la haine et à oeuvrer dans la société en s’inspirant des principes de la solidarité, de la justice et de la paix ».
A près de 89 ans, le cardinal Roger Etchegaray fait figure de « sage » au Vatican. Toujours engagé dans le dialogue interreligieux et la recherche de la paix, le cardinal français estime que « le terrorisme est une redoutable épreuve pour notre temps et, par son essence idéologique, s’inscrit sur l’horizon des oppositions les plus profondes qui divisent la société ». Le terrorisme « vient accentuer la précarité de l’homme qui, face aux mutations accélérées et souvent radicalisées de ce monde, n’a plus d’appétit pour vivre, pour vivre surtout avec tous ses frères ». « Le terrorisme est fondé sur la peur qu’il engendre pour que le terrorisé demeure lui-même son propre terroriste ».
Le cardinal Etchegaray se réfère à des propos tenus par Jean-Paul II en février 1982 : « Quelles que puissent être les racines de l’action terroriste, quelles que puissent être les tentatives de justification, nous ne pouvons que répéter encore et toujours : le terrorisme n’est jamais justifié dans une société civile. C’est un retour sophistiqué à la barbarie ».
Le cardinal Jean-Louis Tauran, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, insiste, lui, sur l’urgence d’une pédagogie de la rencontre. Dans une interview accordée au quotidien « La Croix », le cardinal constate que ce ‘signe des temps’ a provoqué une prise de conscience. « Une conviction s’est imposée : on ne peut pas tuer au nom de Dieu. » « Aucun chef religieux, aucune cause ne peut conduire à une telle monstruosité », a-t-il déclaré, reprenant à son compte le message de Benoît XVI adressé au corps diplomatique en janvier 2006.
Pour éviter tout nouvel acte de terrorisme d’inspiration religieuse, le prélat invite à former les jeunes musulmans à cette pédagogie du dialogue : « Nous devons, ensemble, faire découvrir aux jeunes l’existence du bien et du mal, que la conscience est un sanctuaire à respecter, que cultiver la dimension spirituelle rend plus responsable, plus solidaire, plus disponible pour le dialogue ». Et de mettre en garde : « Si nous avons évité le choc des cultures, nous devons éviter le choc des ignorances. Car la peur de l’autre est souvent motivée par l’ignorance ».
Le secrétaire général du Conseil œcuménique des Eglises (COE), le pasteur Olav Fykse Tveit rappele, dans un message, « le souvenir des milliers de personnes tuées dans les attentats coordonnés du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, et les malheureuses conséquences de ces événements en Afghanistan et en Irak ». Il souligne également que « le terrorisme sous toutes ses formes – qu’il soit le fait d’individus, de groupes ou d’Etats – doit être condamné. » Dans son message, le secrétaire général réaffirme l’engagement des Eglises en faveur du dialogue entre adeptes de religions différentes et encourage l’édification d’une culture de la « paix juste », qui constituera un thème prioritaire de la Dixième Assemblée du COE en 2013.
Mgr Timothy Dolan, l’archevêque de New York, appelle à rejeter la haine et à résister au terrorisme. Le président de la Conférence des évêques catholiques des Etats-Unis (USCCB) souligne dans une lettre que ce moment est un temps pour le souvenir, la détermination et le renouveau. Il rend hommage à ceux qui ont répondu en premier de façon altruiste : les pompiers, la police, les aumôniers, les sauveteurs, et les autres intervenants courageux qui ont risqué leur vie et l’ont souvent perdue dans leurs vaillants efforts pour sauver d’autres vies. Le président de la Conférence épiscopale américaine rappelle également comment la nation américaine a répondu à ces événements, en se tournant vers la prière et en se penchant les uns vers les autres pour offrir aide et soutien à ceux qui avaient tant perdu. « La plus grande ressource dont nous disposons dans ces combats est la foi », estime-t-il, ajoutant que « le besoin de sécurité peut aller de pair avec notre héritage d’immigrants sans mettre en cause ni l’un ni l’autre ». Il y a dix ans, les gens se sont rassemblés par delà les différences religieuses, politiques, sociales et ethniques pour se lever « comme un seul peuple pour guérir les blessures et se défendre contre le terrorisme ».
Pour le président de la Conférence épiscopale, les défis qui se présentent dix ans plus tard sont ceux des gens sans travail, des familles qui luttent pour la survie et les dangers persistants des guerres et du terrorisme. Il fait appel à « l’esprit d’unité du 11 septembre » pour faire face aux défis actuels. « Prions pour que l’héritage durable du 11 septembre ne soit pas la peur, mais plutôt l’espoir d’un monde renouvelé ».
Mgr Michael Fitzgerald, ancien président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, rappelle que deux déclarations communes avaient été publiées il ya dix ans, l’une avec les organisations islamiques internationales, et l’autre avec le comité permanent d’Al-Azhar pour le dialogue avec les religions monothéistes. Ces 2 déclarations appelaient les leaders religieux à une action commune. Une telle réaction était nécessaire pour combattre d’éventuelles répercussions contre les musulmans dans l’opinion publique.
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