Le dalaï lama, 76 ans, avait annoncé en mars dernier son intention de renoncer à son rôle politique de chef du mouvement des Tibétains en exil. C’est aujourd’hui chose faite avec la prestation de serment de Lobsang Sangay, un juriste de 43 ans, qui devient le nouveau Premier ministre de ce gouvernement en exil. Le dalaï lama conserve son rôle de chef spirituel.
Lobsang Sangay a prêté serment ce 8 août, exactement neuf secondes après 09h09 locales – le chiffre 9 étant associé à la longévité et le 8 considéré comme de bon augure –, lors d’une cérémonie présidée par le dalaï lama dans le temple Tsuglagkhang, le centre spirituel de Dharamsala. La ville est située dans le nord de l’Inde où est basé le gouvernement en exil.
Lors de son discours, Lobsang Sangay s’est engagé à poursuivre la lutte pour le droit des Tibétains « jusqu’à ce que la liberté soit restaurée au Tibet », affirmant que la lutte « est contre la politique radicale du régime chinois au Tibet (…), contre ceux qui refuseraient la liberté, la justice, la dignité et l’identité même du peuple tibétain ». A l’adresse des personnes inquiètes, il a lancé: « Nous sommes une démocratie qui ne fera que se renforcer au fil des ans et nous sommes là pour durer ».
Le parcours de Lobsang Sangay
Lobsang Sangay est né dans une région productrice de thé dans le nord-est de l’Inde. Il n’a jamais vécu au Tibet et ne s’y est même jamais rendu. Il rompt avec le passé où de vieilles figures religieuses dominaient la vie politique du mouvement tibétain. Cet expert en droit international, diplômé de la faculté de droit de l’Université de Harvard.
Cette transition politique historique va donner au nouveau Premier ministre une position beaucoup plus en vue que celle de ses prédécesseurs. Lors d’un récent entretien avec l’AFP, il avait assuré qu’il soutenait pleinement la formule de la « voie moyenne » voulue par le dalaï lama, c’est-à-dire une « autonomie significative » du Tibet sous administration chinoise, plutôt qu’une indépendance pure et simple de la région. Il avait aussi souligné le désir de la communauté tibétaine de « voir une jeune génération prendre la direction » du mouvement.
Les enjeux et les défis
Lobsang Sangay est le premier ministre d’un gouvernement qu’aucune nation ne reconnaît et sa légitimité pourrait être mise en doute aux yeux des Tibétains toujours présents au Tibet. Par ailleurs, l’approche non-violente défendue par le dalaï-lama, remise en cause par une partie de la jeunesse tibétaine en exil, risque de diviser la diaspora qui voit la répression chinoise se renforcer au Tibet contre la population et les moines. Sangay prône toujours le dialogue avec Pékin mais les Chinois jouent la montre, certains que la cause tibétaine tombera dans l’oubli à la disparition de l’actuel et très charismatique dalaï-lama, âgé de 76 ans.
(apic/AP/mvl)