Le nombre de décès dans les prisons syriennes a augmenté de façon alarmante, a révélé mardi 30 août Amnesty International. L’organisation de défense des droits humains documente 88 cas, dont 52 suite à des actes de torture ou de mauvais traitements.
Depuis des mois, les forces de sécurité syriennes répriment brutalement les mouvements de protestation, relève Amnesty International, qui a recensé les noms d’au moins 1.800 personnes tuées depuis le début de la vague de protestation. Dans tout le pays, des arrestations de masse ont lieu depuis le début de la répression, et un nombre alarmant de décès en détention a été signalé à l’organisation. Amnesty International documente les cas de 88 personnes arrêtées entre le 1er avril et le 15 août 2011 et mortes en détention. L’organisation fonde son rapport sur des entretiens avec des proches et des témoins, ainsi que sur des photos et des vidéos des personnes tuées, dont une partie a été soumise à une analyse médico-légale indépendante.
10 enfants entre 13 et 18 ans
Ces 88 décès représentent une augmentation significative par rapport aux années précédentes, (seulement 5 cas par an selon Amnesty Internationa). « Une telle augmentation des décès en prison ne peut être une coïncidence. Elle semble être l’expression de la même violence brutale qui s’exprime au quotidien dans les rues syriennes », déclare Reto Rufer, responsable de campagne pour le Moyen-Orient à la section suisse d’Amnesty International.
Pour l’ensemble des 88 cas de mort en détention documentés dans le rapport, il s’agit de personnes qui ont été arrêtées en raison de leur participation réelle ou supposée aux manifestations de masse qui ont lieu de façon continue depuis mars 2011. Tous sont des hommes, dont 10 enfants entre 13 et 18 ans. Et dans au moins 52 cas qui ont été rapportés à Amnesty International, tout indique que des actes de torture et des mauvais traitements ont conduit ou au moins contribué aux décès.
Des « crimes contre l’humanité »
« De pair avec la violence généralisée et systématique utilisée pour étouffer les protestations, ces décès dans les prisons syriennes semblent correspondre à la définition de crimes contre l’humanité », explique Reto Rufer. Amnesty International appelle donc de toute urgence le Conseil de sécurité des Nations Unies à saisir la Cour pénale internationale pour que celle-ci mène une enquête en Syrie.
Elle demande en outre à l’ONU de décréter un embargo total sur les armes à destination de la Syrie ainsi que le gel des avoirs à l’étranger du président Bachar el Assad et de ses collaborateurs.
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