Des dizaines de milliers de manifestants se sont rassemblés le 29 juillet sur la Place Tahrir au Caire, répondant à un appel lancé par les Frères musulmans. Ils appellent à la formation d’un Etat islamique et à l’application de la charia. En Haute Egypte, de violents affrontements ont opposé musulmans et coptes dans la région de Minja.
"On navigue à l’aveuglette. On ne sait pas où ira l’Egypte" a déclaré à l’agence catholique Fides le Père Luciano Verdoscia, missionnaire combonien présent au Caire. A la manifestation ont également adhéré une quinzaine de formations laïques et même coptes.
Parmi les slogans scandés sur la place, se trouvaient: "Islam, Islam, nous ne voulons pas un Etat libéral", "Le peuple veut l’application de la charia", "Islamique, ni occidental, ni oriental", auxquels venaient s’ajouter les slogans relatifs à des revendications politiques comme celle de voir juger l’ancien président Hosni Moubarak.
"Au cours de ces derniers jours, on a assisté à des affrontements entre jeunes révolutionnaires et un certain nombre de membres de la fraternité musulmane", rappelle le Père Luciano. "Les jeunes protagonistes de la révolution des mois précédents voudraient un gouvernement plus démocratique", explique le religieux. "Ces jeunes sont originaires des villes et ils sont en mesure d’utiliser les instruments de communication les plus modernes tels que les réseaux sociaux". "De l’autre côté - poursuit le Père Luciano - les Frères musulmans ont une capacité organisationnelle qui n’est pas indifférente et surtout ils font appel à l’identité religieuse. Il faut tenir compte du fait qu’une bonne partie de la population égyptienne vit dans des zones rurales. Ces personnes sont privées de culture et leur identité est religieuse".
Une dispute dégénère en affrontements violents
En Haute Egypte, l’installation d’une nouvelle cloche d’église à Ezbet Jacob Bebawi, un village de la région de Minja habité par une majorité de chrétiens, a provoqué des affrontements violents entre coptes et musulmans, annonce le 29 juillet l’agence Asianews, basée à Rome. Une dispute verbale au sujet d’une sonnerie de cloches a dégénéré. Un musulman a frappé une femme copte enceinte, puis les proches de la victime sont intervenus. Les affrontements qui ont suivi ont provoqué six blessés. La police est intervenue et n’a arrêté que les chrétiens, précise Asianews.
Depuis le renversement du président Moubarak, les tensions interreligieuses et les attaques contre les coptes par des musulmans ont augmenté, surtout en en Haute Egypte, selon certains milieux chrétiens. Cela s’explique entre autres par des lacunes dans les mesures de sécurité et davantage d’indifférence de la part de la police. L’influence des milieux islamistes a également gagné en importance dans ces régions à fort taux d’analphabétisme, estiment les sources d’Asianews.
(apic/fides)