Guidés par la foi, de plus en plus de voyageurs partent à la rencontre des communautés religieuses d’autres pays.
Deux amis d’enfance, Gabriel et Charles, âgés alors de 22 ans, décident en Juin 2009 de partir et de se laisser guider par "la Providence". Mais dans quel but? Charles raconte: "Un jour Gabriel m’a dit: 'Je veux que ce voyage nous rapproche de Dieu.' C’est vrai que la foi était essentielle pour notre amitié." Les deux étudiants ont alors pris la route. Sur leur vélo couché, pendant un an, ils ont roulé sur 11 000 kilomètres pour rejoindre sept villages chrétiens isolés. Au Tibet, en Inde, en Mauritanie, en Amazonie…
Comme Charles et Gabriel, ils sont nombreux aujourd’hui à prendre les sentiers du monde, pour découvrir d’autres communautés chrétiennes ou d’autres religions. Au départ, une envie d’aventure. Ensuite, viennent les questions sur l'Eglise et son universalité, sur les diverses confessions aussi.
D'autres voyages, d'autres religions
Olivier et Nicolas, 21 ans, étudiants à Paris, sont partis le mois dernier. Un an, vingt pays, trois continents, à la rencontre des religions. En ce moment en Afrique du Sud, ils se trouvent au cœur de la culture xhosa. Leur carnet de préparation de voyage explique que suivre le fil conducteur de la religion est un bon moyen pour approcher la diversité des cultures, de "toucher leur profondeur et leur unicité". Qu’y a-t-il d’universel, comment religions et sociétés s’influencent-elles mutuellement? se demandent-ils. Dans leur voyage, les pèlerins veulent faire une expérience concrète de ces questions.
Pour leur part, Sylvaine et Jean-Claude, retraités, arrivent à la moitié de leur périple. Partis de la grotte de Lourdes à pied le 11 avril, le couple arpente en ce moment les chemins de Serbie. Pour les 60 ans de Sylvaine, ces catholiques, ont décidé de rallier Bethléem, où ils espèrent fêter Noël. Pendant un an, ils se sont préparés à ce défi physique, qui est aussi un itinéraire spirituel. En marchant et en découvrant les sites du patrimoine religieux des Balkans, de Cappadoce ou de Syrie, ils cherchent à décrocher du quotidien et à se concentrer sur la tolérance.
D’autres voyageurs sont revenus, et livrent leur expérience. Il y a deux ans, Pauline, 25 ans aujourd’hui, et deux amis embarquaient à bord de leur 305 break pour un parcours de deux mois entre Paris et Jérusalem. Pauline explique le sens de leur démarche: En France, l’Église est très franco-centrée. Je voulais rencontrer et présenter d’autres chrétiens."
Témoigner
Rapporter leurs expériences vécues sur la route, ils le veulent tous. Charles et Gabrie,l pour leur tour du monde, ont vu les choses en grand: Un blog sur le site du figaro.fr, un reportage de 52 minutes et une association de 20 personnes chargée de préparer le voyage et de monter un projet à destination de 10 aumôneries françaises, un kit de catéchisme reprenant des textes recueillis dans les monastères visités et des questions de foi auxquelles ont répondu les habitants des villages chrétiens. Un second reportage sera diffusé lors du festival de la jeunesse des JMJ à Madrid.
Pendant ce temps, à Lille, deux voyageurs préparent à leur tour leur voyage. Anne-Laure et Frédéric, 28 ans, mariés depuis deux ans, s’apprêtent à un tour du monde des lieux du dialogue interreligieux. Après un départ d’Assise, à l’occasion des 25 ans de la rencontre initiée par le pape Jean-Paul II, ils se rendront dans une quinzaine de pays pour visiter des lieux où naissent des initiatives de dialogue. "Nous cherchons des initiatives concrètes de vie en commun, de solidarité ou de partage spirituel", précise Frédéric. Entre autres, l’école interculturelle Mahatma Gandhi, qui enseigne à des enfants hindous et musulmans à Ahmedabad, ville où des émeutes firent 2 000 morts il y a dix ans. "Souvent, on nous dit que nous ne servirons à rien… Mais nous voulons nous faire simples témoins de ces rencontres."
La croix/SB