L’Eglise chilienne soutient les étudiants dans la rue


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L’Eglise chilienne soutient les étudiants dans la rue
Par Jean-Jacques Durré
Publié le - Modifié le
3 min

Le 30 juin dernier, entre 100.000 et 400.000 personnes, dont de très nombreux étudiants et lycéens, ont manifesté dans les rues de Santiago et de plusieurs villes du pays, pour exiger une éducation publique, gratuite et de qualité. L’Eglise a appelé les autorités à écouter les manifestants.

Cela fait plus de 20 ans qu’une cause n’avait pas réuni autant de manifestants dans les rues de la capitale chilienne. Dans les cortèges, ce jeudi 30 juin, se trouvaient des étudiants et des lycéens – à l’origine du mouvement –, mais aussi des professeurs, des parents d’élèves, des syndicalistes et plusieurs organisations culturelles et écologistes. Tous étaient là pour exprimer leur révolte face à un système éducatif parmi les plus chers et les plus inégalitaires du monde. C’est le dictateur Augusto Pinochet qui, dans les années 80, prit la décision d'ouvrir les portes de l’école et de l’université au privé, et de réduire drastiquement le budget public destiné à l’éducation. De 7% à 3% du PIB.

Résultat: seuls les plus riches élèves peuvent se payer un enseignement de qualité dans les institutions privées. Les autres, et surtout les plus pauvres, doivent se contenter d’établissements semi-publics (qui restent chers) ou publics (aux mains des municipalités), connus pour leur manque de moyens et leur mauvais niveau. Même chose à l’Université, où les droits d’inscription sont exorbitants et les enseignements des universités privées pas toujours de bonne qualité.

Une grave dette à solder

D'ailleurs, tous les rapports internationaux vont dans ce sens: le Chili connaît une croissance économique admirable mais il doit investir davantage en éducation et réguler son système éducatif pour atteindre un développement intégral. C’est d’ailleurs le message qu’a envoyé l’Eglise chilienne au gouvernement de Sebastian Pinera (coalition de droite conservatrice et ultraconservatrice). Dans un communiqué publié le 23 juin, la Conférence épiscopale reconnaît en effet que le pays a "une grave dette à solder" en matière d’éducation et qualifie les revendications des manifestants de "justes demandes". Elle rappelle aussi que "l’éducation est un bien public" et que "de l’éducation, dépendent la qualité de vie, la sortie de la pauvreté, le niveau culturel et la noblesse des relations humaines d’un peuple".

Le 22 juin, le ministre de l’Education (ultraconservateur et membre de l'Opus Dei), Joaquín Lavín, a présenté ses réponses aux jeunes manifestants, mais sans s’engager, selon eux, sur "les changements profonds" qu’ils réclament. Devant leur refus de reprendre les cours – plusieurs dizaines d’universités sont en grève et 200 collèges occupés –, le ministre a décidé d’avancer la date des vacances d’hiver. Officiellement, pour stopper la perte des heures de cours. Selon les étudiants, pour tenter d’affaiblir le mouvement.

L’Eglise, quant à elle, a averti: "Normaliser l’activité scolaire, ce n’est pas juste mettre fin à une mobilisation, cela requiert la volonté de discerner les nécessaires réformes attendues par le pays." (CtB/Apic/PA)

Catégorie : International

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