Côte d’Ivoire: rapport accablant d’Amnesty International


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Côte d’Ivoire: rapport accablant d’Amnesty International
Par Jean-Jacques Durré
Publié le - Modifié le
3 min

Des homicides et des attaques ont été commis par les forces de sécurité gouvernementales (FRCI) et une milice composée de Dozos (chasseurs traditionnels) à l’encontre de personnes ciblées en raison de leur appartenance ethnique. Ce climat de terreur empêche plus d’un demi-million de personnes de regagner leurs foyers. C’est ce que dénonce Amnesty International dans un rapport sur la Côte d’Ivoire publié le 28 juillet.

Le rapport intitulé "Insécurité et personnes déplacées en Côte d’Ivoire: une crise persistante" décrit les violences commises lors d'affrontements post-électoraux et le climat de terreur qui s’ensuit. "Cette impasse qui empêche plus d’un demi-million de personnes de regagner leurs foyers ne peut plus être tolérée", déclare Gaëtan Mootoo, chercheur d’Amnesty International sur l’Afrique de l’Ouest. Selon lui, "les autorités doivent mettre en place une chaîne de commandement bien établie et démanteler les milices qui, malgré la fin du conflit, continuent de propager la peur parmi les populations".

Le rapport d’Amnesty International affirme que les forces de sécurité gouvernementales et les Dozos continuent de perpétrer des homicides et de prendre pour cible des personnes uniquement en raison de leur appartenance ethnique, même après l’investiture du président Alassane Ouattara. Les Dozos semblent viser notamment le groupe ethnique des Guérés considérés comme des partisans de l’ancien président Laurent Gbagbo.

Les efforts de réconciliation menacés

Amnesty International est particulièrement préoccupée par le "rôle de maintien de la sécurité" que les forces officielles ont confié aux Dozos. Ces derniers assurent la surveillance de postes de contrôle sur les routes principales de l’ouest de la Côte d’Ivoire, dissuadant ainsi les personnes déplacées de retourner chez elles. "Le Président Ouattara et le Premier ministre Guillaume Soro doivent s’atteler à créer une force de sécurité impartiale qui puisse assurer la protection de tous les citoyens ivoiriens quel que soit le groupe ethnique auquel ils appartiennent", déclare Gaëtan Mootoo.

Durant les mois de violences qui ont suivi l’élection présidentielle contestée en Côte d’Ivoire, des violations graves des droits humains, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité ont été commis aussi bien par les forces loyales à Alassane Ouattara que par celles fidèles à Laurent Gbagbo, dénonce Amnesty International.

Face aux crimes des Dozos, Amnesty International salue la décision de l’ONUCI d’établir huit camps militaires dans l’ouest du pays afin de remplir de manière plus efficace leur mandat de protection de la population civile. "Les graves conséquences de cette récente vague d’insécurité et de déplacements de populations doivent être rapidement résolues, sinon elles porteront atteinte aux efforts de réconciliation menés dans un pays déchiré par une décennie de conflits ethniques et violents", affirme Gaëtan Mootoo. (CtB/Apic/PA)


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