Mariage homosexuel, divorce, adoption par des couples gays… Face à l’accélération des réformes législatives qui visent à affaiblir l’institution du mariage, l’Eglise doit pouvoir apporter des réponses, des propositions et des orientations, estime Mgr Jean Laffitte, secrétaire du Conseil pontifical pour la famille. Dans une interview accordée à l’agence I.MEDIA, le 14 juin dernier, le prélat français souligne la continuité dans l’enseignement de Jean-Paul II et de Benoît XVI sur la famille.
En Croatie, le pape a tenu des propos particulièrement forts en matière de défense de la famille. Selon vous, y a-t-il un coup d’accélérateur de la part de Benoît XVI?
Mgr Jean Laffitte: Lorsque le pape fait des déplacements dans un pays, il intervient sur des sujets qui correspondent à des préoccupations de l’Eglise locale et des pasteurs du lieu. La Croatie est un pays de grande tradition catholique, mais en même temps elle est soumise à un affaiblissement de l’institution conjugale et familiale, comme ailleurs en Europe. Ainsi, les familles chrétiennes, les prêtres, les communautés, les associations conjugales et familiales ont besoin dans ce pays – comme dans d’autres pays – d’être encouragés par le successeur de Pierre.
Le texte qu’a prononcé le pape (l’homélie du 5 juin à Zagreb, ndlr) est très clair et comprend une vigueur propre à fortifier dans la foi les fidèles de ce pays. Il l’a fait d’une manière nette. Quant à savoir s’il y a un coup d’accélérateur sur les interventions du pape dans ces matières, je dirais plutôt qu’il y a une accélération dans les réformes législatives que l’on veut imposer aux nations et aux peuples, et qui visent à affaiblir l’institution du mariage. Dans cette mesure, les réponses, les propositions, les orientations qu’offre l’Eglise ont nécessairement tendance à s’accélérer aussi pour répondre à des besoins pastoraux précis.
Où en est justement la préparation par votre dicastère des orientations pastorales pour le couple ?
La rédaction du document préparatoire dans sa deuxième version touche à sa fin. Comme vous le savez, il y a plusieurs versions successives jusqu’à l’ »Instrumentum laboris », qui sera ensuite une nouvelle fois communiqué pour corrections et suggestions aux membres et consulteurs du Conseil pontifical pour la famille, ainsi qu’à quelques experts en théologie pastorale du mariage et de la famille. Ultérieurement, seront aussi consultées diverses conférences épiscopales. La publication de ce « vademecum » pourrait coïncider avec la tenue des Journées mondiales pour la famille, du 30 mai au 2 juin 2012 à Milan.
Existe-t-il chez Benoît XVI une nouvelle théologie du mariage et de la famille par rapport à celle de son prédécesseur?
Non, bien sûr. Jean-Paul II, qui se définissait lui-même comme le pape de la famille, a offert à l’Eglise et au monde entier un corpus de textes très importants, non seulement les encycliques, les lettres apostoliques ou les instructions sur ces matières (« Evangelium vitae », « Familiaris consortio », la « Lettre aux familles », « Donum vitae »), mais aussi les catéchèses du mercredi sur l’amour humain, prononcées entre 1979 et 1984, et dont il existe diverses éditions critiques en plusieurs langues.
Il faut bien se rendre compte que le pape actuel a été associé à la quasi-totalité des grands textes de son prédécesseur, en raison de son service de préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi durant la plus grande partie du pontificat de Jean-Paul II. Il y a une continuité dans l’enseignement des deux papes. Si l’on veut absolument distinguer des points sur lesquels l’un et l’autre insistent, je dirais que, chez Jean-Paul II, il y a eu un approfondissement de l’aspect anthropologique de l’union conjugale, qui est parti dans les catéchèses d’une lecture théologique et philosophique des deux premiers chapitres de la Genèse. Benoît XVI, quant à lui, a insisté à plusieurs reprises sur le caractère saint et sacré du mariage, qui s’inscrit dans une alliance fondamentale, celle du Christ avec son Eglise. (CtB/Apic/PA)