Actuellement réunie en assemblée plénière de printemps, la Commission des épiscopats de la communauté européenne (COMECE) consacre ses travaux aux « Eglises Chrétiennes au Maghreb et au Machrek « . Elle a organisé hier soir un débat public avec le Cardinal Antonios Naguib, patriarche des coptes catholiques d’Alexandrie.
Le cardinal est évidemment revenu sur le soulèvement du peuple égyptien qui a renversé Moubarak en janvier dernier. Il en a notamment rappelé les principales raisons : la grande corruption du pouvoir, la pauvreté du peuple, les problèmes sociaux et l’atmosphère politique suffocante.
Ce mouvement pour le changement a fait naître beaucoup d’espoir chez le patriarche : « Il y avait au tout début une certaine cohésion car c’était un mouvement de jeunes, sans connotation religieuse. Mais peu à peu, cela s’est obscurci. Les Frères musulmans ont essayé de confisquer cette contestation ». Pour Mgr Naguib, l’Egypte est à la croisée des chemins. Soit le pays réussit sa mue en un régime démocratique soit il devient un Etat islamiste, c’est à dire dirigé par un modèle d’Etat religieux. Une menace sur laquelle quasiment tous intellectuels égyptiens attirent l’attention dans leur pays.
« Il faut donc encourager et donner du temps aux nouvelles forces en train d’émerger actuellement afin qu’elles s’organisent pour former un courant politique structuré qui propose une société basée sur la citoyenneté et l’égalité et non sur la religion. Il faut que chaque égyptien puisse se sentir pleinement chez lui en Egypte », a déclaré le patriarche. Pour cela, il faut d’abord changer la Constitution, en particulier l’article 2 qui fait une référence religieuse: la charia. En Egypte, l’islam est la religion d’Etat.
Homme de paix et de dialogue, le patriarche souhaite donc que les jeunes à l’origine du mouvement restent les gardiens d’une révolution qui unit dans la fraternité. Mais il a reconnu cependant que cette révolution n’avait pas engendré un leader qui croit à la démocratie.
Quant à la situation des chrétiens dans son pays, il a estimé que l’on ne pouvait pas vraiment parler de persécutions à leur encontre.
P.G.