Dans une société de plus en plus marquée par la « peur », le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris et président de la Conférence des évêques de France, a invité les Français à la « lucidité » et au « calme », notamment en cette période préélectorale.
Dans le discours d’ouverture de l’Assemblée plénière des évêques à Lourdes, le 5 avril, le cardinal Vingt-Trois a évoqué les différents événements qui ont marqué le monde ces derniers mois: « Des accidents du Japon aux révolutions d’Afrique, de la phobie d’une vague de migrations massives à la difficulté de reconnaître et d’accepter des cultures ou des religions étrangères, de la crainte des maladies incurables à la hantise de l’enfant handicapé, de l’inquiétude pour son avenir et celui de ses enfants à la recherche fébrile de la sécurité à tout prix, tout contribue à pousser à chercher les protections maximales, quoi qu’il en soit des dangers réels. »
Dans une société de plus en plus marquée par la « peur« , il a donc invité les Français à la « lucidité » et au « calme« , notamment en cette période préélectorale. « La chasse médiatique aux personnalités emblématiques, le passage en boucle des petites phrases – pour ne pas dire simplement d’un mot malheureux ou choquant –, ne constituent pas un programme politique ni une aide à réfléchir sur les enjeux des échéances électorales prochaines« , a-t-il déclaré. « Notre mission nous incite à ne pas nous laisser embarquer dans le tourbillon du jeu des apparences mais à privilégier les analyses et les recherches argumentées. »
Débat sur la laïcité et bioéthique
L’archevêque de Paris a également évoqué ses craintes concernant les conséquences du débat sur la laïcité lancé par l’UMP le 5 avril dernier. « Non seulement il risque de cristalliser les malaises devant un certain nombre de pratiques musulmanes minoritaires, mais, paradoxalement, il risque aussi d’aboutir à réduire la compréhension de la laïcité à sa conception la plus fermée : celle du refus de toute expression religieuse dans notre société. » Enfin, il a fait part de ses craintes concernant le projet de loi sur la bioéthique qui est actuellement examiné au Sénat. « Nous espérons que les sénateurs n’aggraveront pas les dispositions votées par la majorité des députés et n’ouvriront pas la voie à un eugénisme d’État, notamment à propos du dépistage de la trisomie 21, ni à l’autorisation générale d’utiliser l’embryon humain comme un matériel de recherche, ni à l’instrumentalisation du corps des femmes, celles de France ou d’autres pays« , a-t-il affirmé. « Céder à ces tentations ferait violence au respect du à toute être humain. Ce serait une agression envers les principes fondamentaux du respect qui garantissent le pacte social. » (CtB/Zenit/PA)