Sans Terre, pas d'avenir : Entraide et Fraternité entre en campagne
Sur l'île de Mindanao dans l'archipel des Philippines, 20 groupes de paysans issus de 12 villages ont dit oui à un vaste programme de promotion de l'agriculture paysanne durable. Cinq organisations partenaires d'Entraide et Fraternité les appuient dans ce défi. Mindanao, une des îles paradisiaques des Philippines. Ses terres sont fertiles et son sous-sol, très riche en minerais. Trois communautés s'y côtoient: les Moros (musulmans), les Lumads (population indigène) et les migrants (catholiques). Tensions entre communautés et convoitise des multinationales et des grands propriétaires terriens sont le lot de la population pauvre de Mindanao où sept paysans sur dix n'ont pas de terre à eux. Car c'est là que le bât blesse: la répartition des terres est inégale et la sécurité alimentaire des paysans n'est pas assurée. C'est dans ce contexte que travaillent les cinq organisations partenaires d'Entraide et Fraternité. Sans méthode révolutionnaire, mais avec des recettes pleines de bon sens, telles que la promotion d'une agriculture familiale et vivrière respectueuse de l'environnement, ainsi que la formation des paysans à de nouvelles méthodes de culture et d'élevage.
L'exemple de CONZARRD
Un centre de production d'engrais biologique supervisé par CONZARRD vient de s'ouvrir dans le village de Begong. CONZARRD propose des méthodes pour améliorer les rendements des paysans; de tous les paysans. Les Moros, les Lumads et les chrétiens, trouvent ici un terrain d'entente qui n'est pas forcément envisageable dans le reste de l'île. L'organisation se concentre également sur la lutte en faveur de la réforme agraire. Le centre de production d'engrais bio fabriqué à base de compost est géré de façon autonome par un groupe local de femmes. Grâce aux appuis d'Entraide et Fraternité (9512 euros en 2009-2010), les effets du projet CONZARRD sont encourageants: les habitants de Begong achètent leurs légumes sur place ou les produisent euxmêmes, les femmes restent dans leur village à produire leurs denrées au lieu de se rendre à Manille ou à l'étranger afin d'y travailler comme domestiques. Tout un processus est en marche vers une agriculture respectueuse de l'environnement et des populations locales. Durant sa campagne 2011, Entraide et Fraternité veut mettre l'accent sur cette île du Pacifique, sur ces 1268 familles paysannes qui ne réclament pas grand-chose finalement, juste qu'une terre, que leur terre, source de leur nourriture, soit traitée avec un peu plus de respect et de justice.
Sylviane BIGARÉ