Namur: Une restauratrice polonaise au chevet de “L’adoration des mages”


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Namur: Une restauratrice polonaise au chevet de “L’adoration des mages”
Par Jean-Jacques Durré
Publié le - Modifié le
3 min

Katarzyna Gorecka, restauratrice d'œuvre d'art, d'origine polonaise est tombée sous le charme de la toile "L'adoration des mages", installée dans le chœur de la cathédrale Saint-Aubain à Namur. Actuellement, elle constitue un dossier en vue d'une restauration. Ce travail pourrait aussi constituer son doctorat.

Un échafaudage a été installé à la gauche du maître-autel. Une jeune femme, aussi à l'aise à 5 mètres du sol que sur la terre ferme prend des photos à n'en plus finir. A ses côtés, un ingénieur et un technicien. Ils l'aident dans son travail. Du haut de son échafaudage, elle effectue aussi une série de prélèvements de peinture. La toile attribuée au peintre Loder (1728- 1793) est au centre de toutes ses attentions.
Katarzyna Gorecka vient régulièrement en Belgique où elle a pris en charge la rénovation des mosaïques du monastère de Chevetogne. Très intéressée par les toiles de grand format, sa spécialisation, elle est ainsi arrivée à la cathédrale Saint-Aubain. Des toiles de grandes dimensions se trouvent au chapitre, là où les chanoines se retrouvent pour leurs offices.

La toile a '"travaillé''

La toile ''L'adoration des bergers'' a été restaurée voici plusieurs années. ''L'adoration des mages'' qui lui fait face est dans un piteux état: une déchirure importante dans la partie supérieure, des couleurs qui se sont estompées, elles sont craquelées... ''Et pire, la toile gondole'' explique la restauratrice. Une toile de 4m de long sur 3,70m de hauteur ''travaille'', les tensions sont importantes sur la toile d'où la déchirure. ''J'aime beaucoup cette toile souligne Katarzyna Gorecka déjà sous le charme. La composition est aussi intéressante que dynamique.''

Un chef d'oeuvre

Afin de se rendre compte de l'importance du travail de restauration, Katarzyna Gorecka a pris des photos, beaucoup de photos. Elle figureront dans le dossier qu'elle constitue pour prouver l'intérêt de cette restauration. Elle y mettra aussi le résultat des analyses des peintures effectuées sur la toile. Avec un scalpel, elle a prélevé des échantillons de cette peinture du 17ème siècle. Il s'agit de déterminer les pigments utilisés à l'époque et qui seront réutilisés lors d'une éventuelle restauration. ''C'est un chef d'œuvre n'hésite pas à affirmer la restauratrice, il faut en prendre soin.''

Un travail qui ne fait pourtant pas peur à la jeune femme. Spécialisée dans les grands formats, elle a déjà travaillé sur des toiles de plus de 8m sur 7 m de hauteur! La restauratrice apprécie de travailler en Belgique. ''On y rencontre des gens de qualité, c'est important. Pour les peintures anciennes, la Belgique est spécialisée. Je peux trouver les pigments qui étaient utilisés.'' La fabrique d'église de la cathédrale devra examiner son dossier et voir dans quelle mesure elle peut supporter les travaux. L'abbé Jeanmart, conservateur du musée diocésain, encourage cette restauration: ''Si ce tableau était restauré ce serait vraiment un plus pour la cathédrale. Ce tableau est d'une telle qualité qu'il doit être prioritaire dans les restaurations des tableaux de la cathédrale.''

Christine Bolinne/adl

Catégorie : Belgique

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