La violente répression du mouvement de protestation en Libye par le colonel Kadhafi a fait plus de 1.000 morts jusqu’à présent et mis en fuite près de 100.000 personnes vers la Tunisie ou l’Égypte. Une situation qualifiée par l’ONU de « crise humanitaire », surtout qu’on s’attend à ce que ce nombre augmente encore dans les jours prochains. Les organisation humanitaires, dont Caritas, sont engagées dans une course contre la montre pour aider ces dizaines de milliers de réfugiés massés dans des conditions précaires à la frontière libyenne.
Les troubles actuels empêchent la Caritas Libye d’apporter l’aide habituelle aux migrants. Trois sœurs franciscaines travaillant pour le centre des migrants de la Caritas nationale dans la capitale, Tripoli, ont dû se barricader chez elles. « Il est impossible d’aller au centre où nous prenons soin des migrants« , confie Sœur Sherly Joseph. Bien qu’elles se sentent relativement en sécurité pour le moment, elles regrettent de ne pouvoir garder le centre ouvert.
L’évêque de Tripoli, Mgr Giovanni Martinelli, a reconnu le soutien apporté par les organisations de confessions diverses aux institutions de l’Église catholique. « Nous sommes en lien avec le Croissant rouge et d’autres organisations musulmanes à qui nous avons demandé protection pour nos églises et nos couvents ainsi que pour nos fidèles et pour les sœurs qui travaillent dans les hôpitaux« , a-t-il ajouté.
De son côté, Caritas Internationalis a dépêché deux équipes d’intervention d’urgence aux frontières de la Libye avec l’Égypte et la Tunisie afin d’évaluer les besoins des réfugiés et d’organiser les secours d’urgence.
Des milliers de migrants abandonnés à leur sort
La Libye, rappelle le Secours catholique en France, compte entre 500.000 et 1,5 million d’immigrés. Ce sont en majorité des personnes originaires de l’Afrique subsaharienne, bloquées en Libye dans leur tentative de rejoindre l’Europe. Alors que de nombreux ressortissants tunisiens et égyptiens ont réussi à regagner leur pays d’origine, la question de la sécurité des autres migrants est préoccupante. « Ils n’arrivent pas à se mettre en contact avec leurs gouvernements qui, d’ailleurs, ne font rien pour les aider« , a dénoncé le père Alan Arcebuche, directeur de Caritas Libye, au journal italien « Avvenire ».
La Libye est aussi l’un des principaux pays de destination des migrants bangladais. Selon le gouvernement du Bangladesh, de 50.000 à 60.000 de ses ressortissants y vivent, et la plupart travaillent dans le secteur de la construction ou pour des entreprises appartenant à des intérêts étrangers. Le 28 février, Caritas Bangladesh et plusieurs autres associations d’aide aux travailleurs migrants ont donc formé une « chaîne humaine » dans la capitale bangladaise, Dacca, dans le but de sensibiliser la population au sort des travailleurs migrants et d’inviter leur gouvernement à intervenir. (CtB/Caritas/Zenit/PA)