Quatre mois après le début de la crise postélectorale, la situation humanitaire se dégrade chaque jour en Côte d’Ivoire. Selon quatre ONG chrétiennes et musulmanes françaises, des attaques seraient actuellement menées contre des déplacés ayant trouvé refuge dans des lieux de culte. Elles craignent « une instrumentalisation de la diversité religieuse à des fins politiques ».
Dans un communiqué commun, le CCFD-Terre Solidaire, le Secours Catholique, le Secours Islamique France et le Défap-Service protestant de mission appellent « instamment la communauté internationale à ne pas se désintéresser de ce conflit et à imposer des solutions réellement contraignantes qui empêchent la guerre civile et permettent de protéger les populations civiles« . Elles évoquent également « des attaques contre des déplacés réfugiés dans des lieux de culte« , tel que le rapporte l’organisation humanitaire chrétienne Caritas Côte d’Ivoire. À Adobo, des jeunes auraient été attaqués alors qu’ils s’étaient réfugiés dans une mosquée. Une autre agression aurait été signalée dans l’église de la même localité qui abritait plus de 1.000 déplacés.
Les quatre ONG « redoutent une stratégie délibérée visant à créer des tensions interreligieuses au sein de la population« . Ainsi, appellent-elles « l’ensemble des populations locales, quelle que soit leur confession, à ne pas céder à l’intimidation de la violence et à ne pas se laisser récupérer par des politiques partisanes« . Elles alertent en outre sur la « multiplication des violations des droits de l’homme » et « la dégradation de la situation humanitaire« . Les quatre ONG estiment enfin que « les mesures prises par la communauté internationale face à cette crise ne répondent pas à la nécessité de protéger les civils, qui sont les principales victimes des affrontements armés« .
Pour rappel, la crise née du scrutin présidentiel du 28 novembre 2010 a été marquée depuis mi-février par une flambée de violences qui font craindre que le pays ne bascule dans la guerre civile. Selon l’ONU, 462 personnes ont été tuées depuis fin 2010 et plus de 90.000 personnes ont déjà fui le pays. Les Nations unies estiment également à plus de 500.000 le nombre de personnes déplacées à l’intérieur du pays, dont près de 50.000 dans la seule région de l’Ouest où les affrontements sont particulièrement violents. (CtB/Zenit/PA)