Le témoignage d'une jeune femme, née d'un don anonyme de sperme, est rapporté dans la revue de presse de "Gènéthique".
Agée de 37 ans, cette femme livre son désarroi et souligne combien l'anonymat du géniteur pèse encore sur sa quête identitaire.
Ses parents avaient fait appel à un don de sperme pour concevoir leurs enfants, mais ont décidé de leur cacher leur mode de conception. Pourtant Audrey ressent, très jeune, que sa famille est différente des autres. Elle trouve que sa sœur, issue d'un autre géniteur, ne lui ressemble pas, et elle n'arrive pas à sentir une réelle proximité avec ses parents : "je ne me sentais juste pas faire partie de cette famille" résume-t-elle. C'est au moment du divorce de ses parents, 30 ans après sa conception, que sa mère lui avoue sa véritable origine. Cette révélation est pour elle une "deuxième naissance", qui lui permet de répondre à toutes ses questions et ses doutes qui ne l'avaient jamais quittée pendant toutes ces années. Cependant, cette révélation l'a aussi menée à d'autres questionnements et craintes auxquels elle dit penser "tous les jours", sans pouvoir apporter de réponses. "Je me suis mise à regarder les gens dans la rue à la recherche de mon donneur. J'ai même demandé au père de mon mari s'il n'avait pas fait de don de sperme, de peur que nous ayons le même père !"
Elle fait désormais partie de l'association Procréation Médicalement Anonyme (PMA) qui souhaite la levée de l'anonymat du don de gamètes. Elle déplore que le projet de loi l'ai maintenu.
"Je me sens coupée en deux, comme si je ne connaissais pas une partie de moi" dit-elle, tout en précisant bien qu'elle ne "cherche pas un père de substitution".
"Je souhaite juste voir son visage ou au moins connaitre son nom. Le retrouver me permettrait de lever une part du mystère et de pouvoir m'inscrire dans une histoire humaine" conclut-elle.
gènéthique/at