Opinions – Guerre en Ukraine: inventons des chemins de paix !


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Opinions – Guerre en Ukraine: inventons des chemins de paix !
Par La rédaction
Publié le
4 min

Un an après l’invasion russe, l’heure est toujours aux combats – voire à une surenchère guerrière. Certains de nos lecteurs imaginent pourtant des chemins de traverse. Des chemins de paix. Utopiques? Peut-être. Et pourtant, ils y croient…

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"La force militaire doit demeurer proportionnée"

Le président Zelenski demande maintenant des avions de chasse et plus de défense anti-aérienne. (…) On constate aussi une radicalisation chez des experts militaires occidentaux. (…) Il faut dès lors d’autant plus réfléchir à la question: quelle fin poursuit-on? Jusqu’où veut-on aller? Quels objectifs se fixent les parties?
Du côté russe, il est probable que Poutine visait une sorte de protectorat militaire russe sur l’Ukraine afin d’éviter à tout prix qu’elle entre dans l’OTAN. Sans doute voulait-il revenir à la situation d’avant la révolution de Maïdan qui avait chassé le pro-russe Ianoukovitch. Réaliste face à l’échec devant Kiev, il s’est ensuite replié sur un objectif plus modeste, à savoir l’annexion de quatre provinces: Kherson, Zaporijjia, et le Donbass (Lougansk et Donetsk).

Rendre la négociation impossible?

Mais le président Zelenski veut tout récupérer, même la Crimée perdue en 2014… Beaucoup de commentateurs vont dans ce sens quand ils évoquent l’objectif de la guerre. Est-ce du bluff? Mais surtout: est-ce réaliste? Et où cela va-t-il nous mener? Viser un tel objectif ne va-t-il pas rendre la négociation impossible? Ne va-t-on pas vers une guerre de très longue durée, donc vers le sacrifice d’encore plus de milliers de militaires et de civils? (…)
Edgar Morin, dans un petit livre d’une grande sagesse (De guerre en guerre), rappelle ce qui s’est passé durant la Seconde Guerre mondiale, mais aussi en 14-18, dans les guerres d’Algérie, de Yougoslavie, d’Irak. A chaque fois, on a pu constater la montée de la haine, l’hystérie collective, la criminalisation du peuple ennemi, la radicalisation du conflit, les surprises, les illusions, les erreurs, les retournements inattendus… Il rappelle aussi que nos pays démocratiques sont allés jusqu’à bombarder des villes entières en Allemagne, et le président Truman jusqu’à pulvériser Hiroshima et Nagasaki. Ne nous faisons donc pas d’illusions sur ce que pourraient décider les Russes s’ils étaient acculés… (…)
A chacun de nous de choisir, dans ce débat crucial, entre la logique de guerre et la logique de paix. Cette dernière n’exclut pas le recours à la force militaire, mais celle-ci doit demeurer un moyen proportionné et subordonné à l’objectif de la paix, donc à la recherche d’un accord aussi durable que possible. Nous pouvons, comme simples citoyens, pencher dans la balance pour que les dirigeants ne perdent jamais de vue cet objectif et ne se laissent pas embarquer dans une escalade sans fin par la simple volonté de "gagner". Car, la véritable victoire ne peut être que le rétablissement de la paix.

Philippe de BRIEY,
citoyen engagé dans le dialogue interreligieux

"Pourquoi ne pas rêver à une vraie paix?"

Je pense que le secrétaire général de l’ONU devrait prendre discrètement contact avec Poutine et Zelensky et mettre sur la table un "texte martyr" proposant une ébauche de solution qui servirait de base pour lancer des négociations. Si j’étais le secrétaire général de l’ONU (aucun risque que je le sois un jour!), voici ce que je mettrais sur la table:
1 - La Crimée et les deux républiques du Donbass (républiques russophones où régnait depuis 2014 une guerre civile très sanglante) sont reconnues par la communauté internationale comme faisant partie de la Russie. La Russie évacue tout le reste (notamment l’accès à la mer);
2 - L’Ukraine devient, immédiatement, membre de l’OTAN mais en s’engageant à ne pas avoir d’armes nucléaires sur son territoire;
3 - Pendant les négociations un cessez-le-feu est mis en place contrôlé par des Casques bleus de l’ONU.
S’agit-il d’une bonne solution? Est-elle éthique et respecte-t-elle le droit international? Clairement non. Il s’agirait simplement de la moins mauvaise solution: une solution pragmatique et réaliste, celle qui préserverait le plus de vies (ce qui pour moi doit être l’objectif ultime). Il s’agirait, en fait, d’un retour à une "guerre froide" qui ferait beaucoup moins de morts et de dégâts qu’une "guerre chaude". (…)
Pourquoi ne pas "rêver", après une période de "guerre froide" qui calmerait les esprits, à une nouvelle opportunité de mettre en place une vraie paix en Europe basée sur le respect mutuel et une saine coopération? J’invite chacune et chacun à "rêver éveillé": cela peut être très efficace pour construire un avenir désirable. Ne minimisons pas la puissance du rêve ( "I have a dream", disait Martin Luther King). Rêver, n’est-ce pas un peu ce que Jésus faisait quand il parlait du "Royaume de Dieu" cet "espace relationnel" sans frontières définies, construit sur l’Amour?

Jean-Pol BENOIT,
ancien professeur de religion catholique,
détenteur d’une certificat en gestion positive
des conflits (Université de Paix, Namur).

Catégorie : International

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